L'actualité de la course
Une course serrée, des duos frappés… comme le café !
Class40 : bataille de chiffonniers
14 changements de leaders en 17 jours de course, un temps de référence de l’épreuve explosé de plus de 5 jours, moins de 18 minutes d’écart à l’arrivée. Les chiffres parlent d’eux-mêmes et disent l’intensité de la bagarre qui a marqué la treizième Transat Jacques Vabre en Class40. Au départ du Havre, les observateurs éclairés de la Class40 citaient quelques outsiders et au moins six bateaux capables de gagner sur le papier. Par ordre alphabétique, Aïna Enfance et Avenir, Campagne de France, Carac, Imerys Clean Energy, TeamWork 40 et V and B. Ils ne se trompaient pas mais les quatre premiers jours de course vont se charger de faire un premier tri dans la liste. A la sortie de la Manche, tous les prétendants sont là et personne ne lâche rien à l’approche du front. C’est Louis Duc et Alexis Loison sur Carac qui prennent la tête le 7 novembre à 9 h 00. Au vent de travers derrière le front, la carène Lombard dessinée comme une gélule fait parler la poudre. A 12 nœuds de moyenne dans une mer confuse le long du Portugal, les chocs sont violents. Louis s’est déjà blessé au poignet et là, c’est le genou qui trinque. Le 10 novembre, le tandem annonce sa décision de relâcher à Madère d’où il ne repartira pas. L’avant-veille, c’est Campagne de France qui a jeté l’éponge, safran sous le vent arraché au passage du cap Finisterre dans un violent départ au lof. Indécis jusqu’au bout, le match qui a opposé V and B à Aïna Enfance et Avenir a finalement tourné à l’avantage de V and B.
Après 4300 milles parcourus, V and B est revenu en vitesse pure à hauteur du tandem rochelais. En deux empannages le long de la côte, Maxime Sorel et Antoine Carpentier ont repris la tête et ont su contrôler leurs adversaires jusqu’à la ligne d’arrivée. Leaders plus de la moitié de la course, l’équipage d’Imerys Clean Energy n’a pu endiguer les attaques des deux tandems français dans l’alizé du sud-est. Il complète logiquement un podium de très haut niveau.
Multi50 : la consécration d’Arkema
Lalou Roucayrol est probablement le skipper ayant le plus navigué en multicoque après 30 années à sillonner les mers du globe ! Il signe sur cette 13e édition de la Transat Jacques Vabre sa 9ème participation et sa première victoire…
Avec Alex Pella comme co-skipper, Lalou recherchait « l’excellence » selon ses propres termes pour remporter cette Route du Café qu’il affectionne particulièrement. Partis du Havre en tête, avec la ferme intention de rester aux commandes de la course, les deux hommes donnent le ton : ils sont favoris, tout comme Erwan Le Roux et Vincent Riou sur FenêtréA – Mix Buffet. La suite ne sera qu’un duel passionnant entre les deux Multi50 qui se partagent tour à tour la tête du classement. Deux abandons sur les six bateaux en lice sont à signaler : Groupe Drekan chavire dans la soirée du 8 novembre et Ciela Village fait relâche au Cap Vert pour cause de multiples avaries. Avant le Pot au noir, Roucayrol/Pella ont 100 milles de retard mais gardent la tête froide sachant parfaitement que la Zone de convergence intertropicale peut redistribuer les cartes. Pénalisé par une avarie de drisse de grand-voile, FenêtréA-Mix Buffet perd du terrain. Arkema engrange 160 milles en 36 heures et devient leader dès l’accrochage des alizés de l’hémisphère sud. Sur la dernière ligne droite, Arkema file pied au plancher vers la ligne d’arrivée. C’est la victoire tant attendue, la consécration d’un marin méritant…
Imoca : Dick/Eliès intouchables !
Et de quatre ! A 52 ans, Jean-Pierre Dick s’offre une 4e victoire sur la Transat Jacques Vabre. Une première dans l’histoire de la Route du Café. Cet as de la course en double avait fait appel à Yann Eliès sitôt le Vendée Globe bouclé afin de s’aligner au départ du Havre archi préparé. Ils étaient 6 Imoca à pouvoir l’emporter, la course s’annonçait difficile et c’est bien ce que l’on doit retenir de cette 13e édition. Une victoire certes, mais ô combien méritée face à des équipages affûtés et diablement accrocheurs, et un SMA toujours aux aguets. Trajectoire parfaite, maîtrise spectaculaire des chausse-trappes de la météo et du parcours, symbiose entre les deux hommes, foiler huilé par une équipe à terre de haute voltige, tous les paramètres étaient réunis pour l’emporter. Sur le podium, SMA deuxième et Des Voiles et Vous ! troisième ont du s’accrocher pour tenir le rythme effréné d’un St Michel-Virbac époustouflant de régularité dans toutes les conditions météo. A la huitième place, Generali fut sans doute le grand perdant du Pot au noir, auteur d’un brillant début de course. Rentrés en sixième position, ils sortent dixièmes de la zone de convergence. Le long bord vers le Brésil leur permet de reprendre deux places et de sauver cette Route du Café, leur première transatlantique en Imoca. Isabelle Joschke et Pierre Brasseur ont certes manqué de réussite mais démontré pendant plus de 10 jours qu’ils pouvaient naviguer au contact des meilleurs. A la quatrième place, Malizia II (Boris Herrmann et Thomas Ruyant) s’est montré un dangereux chasseur poussant le trio de tête dans ses retranchements. On notera également une superbe performance de l’Imoca à dérives classiques Bastide Otio (Kito de Pavant et Yannick Bestaven), un plan Farr de 2006 qui termine 5e.
Ultime : duel au soleil et démâtage
Face au trimaran à foils dernier-cri Maxi Edmond de Rothschild, cette Route du Café ne s’annonçait pas simple pour Sodebo Ultim’. « Ce sera la bataille de deux générations de trimarans » annonçait Thomas Coville au Havre. En position de chasseurs dans la Manche, le golfe de Gascogne et jusqu’après Les Canaries, Coville et Nélias prendront les commandes de ce duel atlantique le jeudi 9 novembre au matin par le travers de l’archipel du Cap Vert. Chassé, sérieusement menacé (moins de 2 milles d’écart dans le Pot au noir) par le tandem Josse/Rouxel, Sodebo Ultim’ a su parfaitement gérer les paramètres météo et jouer les meilleures trajectoires. Deux jours après l’arrivée des deux premiers Ultime le 13 novembre, le Prince de Bretagne démâtait alors qu’il se situait à 93 milles de Salvador de Bahia au large de Palame.