L'actualité de la course

Faites vos jeux !

Faites vos jeux !

Voilà plus de 24 heures que la flotte des IMOCA a éclaté, avec les deux-tiers des concurrents navigant en bordure de la péninsule ibérique tandis que les autres s’en-têtent dans l’ouest vers l’archipel des Açores. Si en Multi50 et en Class40, la course est ce matin assez lisible, l’incertitude en IMOCA quant à l’issue de routes aussi divergentes n’a jamais été aussi importante. Dans chaque groupe, la bataille fait rage à l’approche d’un nouveau système météo.

Multi50 : Solidaires mais intraitables !
Pas de franche nouveauté pour les trois trimarans engagés sur cette Transat Jacques Vabre Normandie Le Havre. Solidaires En Peloton-ARSEP ne fait aucune erreur  sur la route Sud dont il montre la voie depuis trente six heures. Mille après mille, Thibault Vauchel-Camus et Frédéric Duthil creusent l’écart sur leurs deux poursuivants. N’allez pas croire que la vie est un long fleuve tranquille sur les trimarans au près serré !  « Nous avons eu jusqu’à 30 noeuds et c’était saute-moutons dans la nuit noire sans aucune possibilité de barrer racontait Thibault ce matin à la vacation.  Là, ça commence à se calmer heureusement et la journée va être consacrée au rangement. Il faut vraiment se reposer aujourd’hui car sur le bord de la dorsale, il faudra être aux aguets, pour attaquer comme des chiens de talus ! »  
Le cap Saint-Vincent est en effet en ligne de mire pour les trimarans qui vont effectuer un dernier virement aujourd’hui en bordure des hautes pressions qui enflent sur Gibraltar. Le vent y sera plus faible et irrégulier, mais la mer plus plate… Avec une promesse d’alizés dans 36 heures environ pour les bateaux les plus rapides de la flotte.

IMOCA : PRB nouveau leader
Ils sont neuf IMOCA à naviguer ce matin en bordure du 45ème parallèle alors que le reste de la flotte tricote à la frontière de la Galice et du Portugal. Dans chaque paquet, les recadrages vont bon train. Le plus Nord du groupe de l’ouest, Hugo Boss, recroise ce matin derrière Bureau Vallée II, lui-même au coude à coude avec Maître CoQ IV. Dans leur sillage, deux autres foilers de génération 2015, Malizia 2 Yacht Club de Monaco et Prysmian Group s’accrochent. Ces cinq-là doivent serrer les dents et pas seulement parce que la mer se durcit aux abords du nouveau système dépressionnaire. Leurs vitesses moyennes et angle de rapprochement au but sont très inférieures à ceux de la tête de flotte qui évoluent par le travers du Portugal.  Sur les dernières 24 heures, les leaders ont navigué 3 noeuds plus vite vers le but que le groupe de l’ouest. Au classement de 5 heures, vision  certes comptable d’une partie de poker qui voit plus loin, Bureau Vallée accuse tout de même 100 milles de retard sur le nouveau leader PRB…
En tête depuis Ouessant, Charal a en effet abandonné la pôle position. PRB a superbement tiré profit de son option d’hier à la pointe de la Galice. Tricotant dans les parages de Muros comme pour une régate de l’après-midi, Kevin Escoffier et Nicolas Lunven ressortaient habilement sous le DST et brûlaient la politesse à Charal et Apivia qui revenaient du large. « On a été faire un peu de tourisme dans ces très jolis coins de Galice plaisantait ce matin Nicolas Lunven. La nuit a  été encore fatigante avec un petit front à 25 noeuds et des manoeuvres. La dette de sommeil du départ se fait sentir et on espère beaucoup dans les prochaines 36 heures qui devraient offrir des conditions de navigation plus tranquilles ».
Ce matin, le groupe emmené par PRB  progresse tribord amures à 200 milles du cap Saint-Vincent et va devoir revirer rapidement pour s’écarter de la zone de hautes pressions qui gonfle sur Gibraltar.
A noter le bon retour dans le jeu d’Advens for Cybersecurity alors que MACSF est toujours amarré à Brest…

Class40 :  Grosse bagarre
La régate en Class40 ressemble à une guerre d’usure. Pas d’option très tranchée mis à part le décalage Nord de Crédit Mutuel qui pour l’instant ne lui réussit pas beaucoup. En pointe, Aïna Enfance et Avenir devance toujours d’une courte tête Leyton (3 milles). Chacun progresse comme on descend prudemment un escalier : un coup à l’ouest, un coup au sud. Et il faut se tenir à la rampe comme l’expliquait ce matin Pierre Leboucher : « la mer est beaucoup plus dure quand on fait route au Sud car on la reçoit de face. Ça tape fort et l’humidité est permanente. On dort en cirés sur le pouf trempé mais on voit que le ciel se déchire. » Certains bateaux récemment mis à l’eau comme Banque du Léman souffrent du rythme imposé par les tandems les plus éprouvés. Et la sortie du système dépressionnaire n’est pas pour tout de suite pour les Class40. 48 heures de louvoyage à travers les fronts du grand système dépressionnaire, tel est le menu pour les 23 binômes encore en course.
 

Ils ont dit :

Pierre Leboucher- Aïna Enfance et Avenir (Class40)
« Ça va bien ! Depuis qu’on fait cap au Sud, on a la mer de face et on se bat contre les éléments ! Vivement que ça tourne demain dans la nuit mais sinon tout va bien à bord. La stratégie n’est pas facile à faire, faut descendre par petits coups, c’est plutôt pas mal. La trajectoire va se dessiner selon les éléments qui vont arriver, on affine, mais on va décaler un peu plus dans l’ouest mais rien de sûr encore !
La flotte est groupée, l’option au nord de Ouessant n’a été suivie que par un ou deux bateaux, donc la flotte n’est pas éclatée et ça s’étale doucement.
Les premiers jours ont été musclés, peu de sommeil pour nous deux mais hier on a pu se reposer donc c’est plus facile. Le bateau est bien humide, le pouf où l’on dort est trempé d’hier mais ça commence à être mieux, on a une nuit étoilée magnifique, pas de pollution de lumière, c’est juste magique ! »

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