L'actualité de la course
Journée décisive
Multi50 : L’aîle de mouette
Pour les oiseaux agiles que sont les Multi50, dessiner une aîle de mouette est presqu’une formalité ! L’aîle de mouette, c’est ainsi que les marins désignent la trajectoire en deux temps qui permet de franchir une dorsale anticyclonique. Au large de Gibraltar, les étraves des trois Multi50 ont commencé à obliquer vers l’Ouest avant d’empanner pour pointer vers les côtes marocaines où les attend un début d’alizé nerveux. « C’est une navigation sur la pointe des pieds pour ne pas ralentir le bateau. On jongle entre les gennakers, il faut être très attentifs mais ce sont des conditions de navigations très agréables sur mer plate » notait ce matin Thibaut Vauchel-Camus. « On prévoit d’empanner dans deux heures environ pour attraper l’alizé dès ce soir ». La carte postale va nettement changer et la cavalcade vers le Sud commencer pour les mobylettes du large.
A l’entrée de la zone de vents faibles, les deux poursuivants GCA Mille et un sourires et Primonial ont bien recollé, à moins de 40 milles ce matin. Comment l’élastique se retendra en sortie de système ? Telle est la question du jour pour les Multi50 qui se livrent une très belle bagarre depuis Le Havre.
IMOCA : Apivia en pointe. Et l’hémorragie continue
Une petite centaine de milles derrière les trimarans, les premiers IMOCA ont passé le cap Saint-Vincent et vont être confrontés à la même problématique à partir du milieu de la matinée. Un peu moins maniables, les monocoques de 60 pieds vont nécessiter de la part de leurs duos d’être très réactifs et de beaucoup manœuvrer : changements de voiles et de trajectoire, gestion des poids à bord, réglages… Mais la meute de brillants tandems qui régate bord à bord depuis le cap Finisterre est rompue à l’exercice et connaît ses gammes. Peu de risques de les voir se faire piéger. S’ils ressortent correctement du système ce soir, leur avance sur les tenants de l’ouest ne sera pas simple à rattraper. Car tant que ces derniers n’ont toujours pas basculer vers le Sud et naviguent à 60 degrés de la route, l’hémorragie continue au classement. Maitre CoQ qui a pris un léger avantage sur Bureau Vallée II et Hugo Boss hier pointait à 173 milles au classement de 5 heures, du nouveau leader Apivia. A bord du plan Verdier, le duo Dalin-Eliès a été le plus rapide au large du Portugal hier soir et cette nuit, doublant à leur vent PRB et Charal. Mais Charlie Dalin gardait la tête froide à la vacation : « Ce qui compte au passage des dorsales, ce n’est pas l’ordre à l’entrée mais à la sortie. C’est là que se creusent les écarts, d’autant que le vent a l’air très établi le long du Maroc et au passage des Canaries » En attendant, Apivia peut compter à ses côtés sur deux lièvres de qualité que sont PRB et Charal. Et derrière, la bataille fait rage avec Banque Populaire IX, premier bateau à dérives, auteur d’une trajectoire impeccable depuis le départ. Clarisse Crémer et Armel Le Cléac’h sont eux -mêmes aiguillonnés par un petit groupe emmené par le tandem Le Cam/Troussel, très en verve également. A noter la belle performance de Romain Attanasio et Sébastien Marsset qui ferment la marche du groupe des Sudistes et s’accrochent sur son vieux plan Farr de 2007 à la onzième place.
Class40 : Bagarre de virements
Pas de changement notoire en Class40. Aïna Enfance et Avenir continue son mano à mano avec Leyton, distant de seulement quatre milles dans le nord. Mais au classement de 5 heures, Made in Midi et Crosscall Chamonix Mont Blanc, se sont emparés de la deuxième et troisième place. En distance au but, leur position un peu plus Sud que le tandem Aïna Enfance et Avenir -Leyton leur donne un léger avantage. « Ils étaient un peu en retrait et ont su plonger au sud ce que nous ne sommes pas parvenus à faire » reconnaissait ce matin Pierre Leboucher sur Aïna Enfance et Avenir. « On commence à avoir 100 milles d’écart en latéral, ça commence à faire un bon bras de levier ». En tous cas, ces quatre bateaux ont pris un avantage d’une vingtaine de milles sur le second paquet emmené par Linkt et où l’on retrouve le surprenant tandem Charles-Louis Mourruau et Estelle Greck qui tire le meilleur de son Pogo de série. Pour eux la cadence sera évidemment plus dure à tenir lorsque les Class40 feront route au reaching.
Avant cela, il faut encore serrer les dents dans ce vent medium de sud-ouest qui éloigne de la route mais va grimper en prenant un meilleur angle dans les prochaines 24 heures. De quoi espérer basculer vers Bahia et choquer enfin un peu les écoutes.