L'actualité de la course

Glisse ou voltige ?

Glisse ou voltige ?

Alors que les trois Multi50 et onze premiers IMOCA voltigent dans l’alizé au large des Canaries, les retardataires et premiers Class40 glissent à l’approche ou dans la zone de hautes pressions. Après une pause hier, les écarts vont à nouveau augmenter tout au long de la journée avant de se stabiliser demain lorsque toute la flotte naviguera dans le même système météo. Pour les Class40, ce week-end sonne aussi comme la fin d’une navigation au près serré qui aura duré plus de cinq jours. En tee-shirt, la tête dans les étoiles et poussés par les éléments, les concurrents vont entamer l’acte 2 de cette 14ème Route du café.

Multi50 : La valse des leaders

Après la prise de commandement de Primonial hier, c’est Groupe GCA Mille et un sourires qui pointe en tête ce matin. Si l’on pouvait craindre avant le départ du Havre que le plateau maigrelet nuise à l’intérêt de la course des trimarans, force est de constater que la régate est superbe et de haut niveau entre ces trois-là. 

En exploitant vers le sud une variation d’alizé hier, Gilles Lamiré et Antoine Carpentier ont brûlé la politesse à leurs concurrents avec lesquels ils ont navigué à vue plus de 36 heures. « A bord, c’est stressant mais à terre, ça doit être passionnant à suivre !» plaisantait ce matin Antoine Carpentier. « On a quand même pu se reposer cette nuit car celle d’avant, nous avions un problème d’électronique. Sans mode vent sur le pilote, il a fallu se relayer à la barre toue la nuit … » Groupe GCA Mille et un sourires doit surveiller Primonial dans son ouest mais aussi  Solidaires en Peloton ARSEP qui leur a faussé compagnie en milieu d’après-midi. Thibaut Vauchel-Camus et Fédéric Duthil sont passés entre Ténériffe et Gran Canaria où le vent est fortement canalisé sans être pénalisés à la sortie par le dévent des îles. Ils en ressortent deuxième ce matin. « On est assez dubitatif sur leur choix de route poursuivait Antoine Carpentier. « Sur les fichiers, l’alizé doit mollir sans vraiment basculer dans les prochains jours. On verra comment ils arrivent à se recaler dans l’ouest ». Car la prochaine étape est bel et bien l’entrée dans le Pot au noir. Pour bien se positionner en cette saison, les concurrents doivent viser à l’est de l’archipel du Cap Vert, encore distant de 1000 milles… 

 

IMOCA : Fin du premier acte ce soir

Les IMOCA qui avaient tenté leur option ouest sont rentrés dans la dorsale cette nuit. Lorsqu’ils en sortiront cet après-midi ou dans la soirée, toute la flotte naviguera enfin dans le même système météo après le grand écart des cinq premiers jours. Et contrairement à ce que l’on pouvait penser hier au vu des cartes météo, les tenants de l’ouest, Maître CoQ en tête, ont l’air nettement moins ralentis dans les hautes pressions ce matin. Ils glissent plus vite que le groupe emmené par Groupe Sétin au nord de Madère et dans lequel on retrouve Time for Oceans, La Fabrique, La Mie Câline Artisans Artipôle ou encore Campagne de France. C’est donc un regroupement général qui s’annonce pour une dizaine de bateaux, comme un nouveau départ. Au sortir des hautes pressions, leur retard sur le peloton de tête devrait avoisiner les 300 milles (il est de 240 pour Maitre CoQ ce matin) mais il y aura du jeu jusqu’au bout et pas mal de modifications de classements à attendre entre la cinquième et la vingtième place.

Devant, les leaders virevoltent dans l’alizé qui a un peu baissé d’intensité mais reste encore bien installé au large des Canaries. Charal et Apivia se sont un peu détachés de leurs poursuivants directs, avec un avantage assez net pour le bateau noir qui fonce tête baissée, en témoigne le spectaculaire dépassement d’Apivia envoyée hier par Yann Eliès en vidéo. Jérémie Beyou et Christopher Pratt n’économisent ni leurs foils ni leur énergie, multipliant les manoeuvres pour gagner au sud-ouest, bien conscients que l’ordre d’entrée dans le Pot au noir la semaine prochaine se joue à chaque bascule. Moins percutants au près le long du Portugal, ils semblent un cran au-dessus de leur concurrent et font parler leur culture du foiling.

 

Class40 : Placement rentable chez Crédit Mutuel

Rien n’est jamais perdu ni acquis en course au large. Le décalage nord puis ouest qui avait cantonné Crédit Mutuel entre la cinquième et la dixième place depuis quelques jours est en train de payer. Toute la journée d’hier, Ian Lipinski et Adrien Hardy ont passé la surmultipliée sur leur nouveau Class40 à étrave ronde. Navigant exactement un noeud plus vite (10% !) que Leyton et Enfance et Avenir, ils ont pris la tête ce matin et savourent l’épisode…  « On a sans doute un peu plus de vent et de liberté dans notre trajectoire. Notre décalage était un placement de long terme. C’est satisfaisant et surtout, c’est une toute autre navigation qui commence, la fin d’un tronçon, le début d’un autre. On va naviguer enfin le nez dehors, avec les éléments, c’est beaucoup plus sympa ! » 

Comme toute la tête de flotte des Class40, Ian et Adrien vont commencer à ralentir en fin de journée à l’approche des hautes pressions pour redémarrer dans l’alizé sans doute demain soir. Toute la question est de savoir si le scénario qui se déroule actuellement chez les IMOCA va se dupliquer. Car chez les Class40 aussi, le décalage latéral est important : plus de 160 milles séparent Crédit Mutuel de Crosscall Chamonix Mont blanc, Class40 le plus à l’est qui navigue bord à bord avec Made In Midi.

 

Rappel : IIs sont actuellement 22 dans la catégorie des Class40 à naviguer vers Salvador de Bahia. Quatre duos ont abandonné officiellement (Kiho, Beijaflore, Lamotte Module Création et SOS Méditerranée) et Entraide Marine ADOSM rejoint Cascaïs au Portugal sous gréement de fortune suite à son démâtage d’hier.

 

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