L'actualité de la course
Et vivement l’hiver prochain !
A l’heure d’écrire ces lignes, c’est lui qui est leader du Vendée Globe. Mais à l’heure où vous les lisez, il est possible que ce soit un autre. Parce que tout change très vite, en tête de flotte, dans cette dernière ligne droite direction Les Sables. Le retour en Vendée est programmé dans quelques jours à peine, et aucun globe de cristal n’oserait avancer le nom d’un vainqueur, ni d’un podium, ni d’un top 5. Situation historique : après deux mois et demi de course, ils sont encore neuf à jouer des foils - ou des dérives. Et, pour éprouver un peu plus notre patience, le jeu des bonifications accordées à trois coureurs épicera encore davantage la recette de cet emballage à suspense. La réussite sportive de cette régate planétaire assure aussi un bel avenir proche à la classe de 60 pieds, son président Antoine Mermod s’en félicite : “en fonction de la réussite ou non d’un Vendée Globe, des choix se font, et la tendance actuelle est positive, les sponsors sont contents de continuer car les retombées de cet hiver sont exceptionnelles”.
Cette représentation autour du monde pas encore terminée, le décor de la prochaine pièce de la troupe est déjà planté : la Transat Jacques Vabre Normandie Le Havre sera riche de confirmations pour certains, de revanches pour d’autres. Certains foilers dernière génération viendront faire parler la pleine puissance de leurs appendices, comme Apivia. Des “moustachus” version 2016 ont pris goût au rôle de trouble-fêtes, comme Bureau Vallée. Un costume qu’on semble pouvoir endosser sans foil, comme l’a montré Groupe Apicil par exemple. Le détail du parcours et la ville-arrivée seront révélés le 11 février, Antoine Mermod s’en réjouit déjà : “ça va être une course de très haut niveau, assez adaptée aux bateaux neufs, une course de vitesse, hyper tactique”. Le président de la classe Imoca confirme ainsi que certaines machines, comme Corum L’Epargne ou Arkéa-Paprec, pourront montrer de quoi ils sont capables, avec un an de recul : “les bateaux neufs qui n’auraient pas pu s’exprimer cet hiver seront bien finalisés sur la Route du Café”. On pourrait aussi citer Charal, à l’affût d’une double revanche : à la fois sur le Vendée Globe 2020 (re)commencé avec neuf jours de retard, et sur la dernière édition de la Transat perdue dans le Pot-au-noir. Enfin, en cerise sur le gâteau : le casting devrait aussi compter Kévin Escoffier, le naufragé du 30 novembre dernier, bien décidé à revenir sur l’eau en 2021.
Giraud / Nigon, une Route du Café en guise de lune de miel
Parmi les belles histoires qui s’écriront sur la prochaine Transat Jacques Vabre Normandie Le Havre, il y a la “boucle bouclée” de Clément Giraud et Erik Nigon. Lors de l’édition 2019, le premier a vu son bateau de l’époque prendre feu, juste avant le départ. “La dernière Transat m’a été volée, confie l’actuel skipper de Compagnie du Lit - Jiliti, depuis les mers du grand Sud, s’en sont suivis des mois de galère, de remise en question, comme on peut l’imaginer après un accident.” A l’époque, Clément ne connaît pas très bien Erik, qui, lui, prend le départ de la Route du Café direction Salvador. “Je suis entré en contact avec lui pour lui dire que je n’étais pas certain de trouver le budget pour le Vendée Globe 2020”, raconte Erik Nigon. Histoire pas banale : il lui prête sa monture pour l’année. Plus tard, Clément Giraud se qualifiera et trouvera des sponsors. C’est donc l’ex-”Vers un monde sans Sida” qui tourne en ce moment autour du monde.
“L’année 2021 sera la prolongation de notre histoire”, s’enthousiasme Erik Nigon. “Clément va ramener le bateau à bon port, et on espère pouvoir se marrer ensemble sur la Transat Jacques Vabre Normandie Le Havre. On ne pouvait pas s’arrêter sur la frustration de cette dernière année, moi je n’ai pas navigué en course sur mon bateau depuis novembre 2019.” Clément Giraud confirme les mêmes intentions : “sportivement et humainement, ça sera une belle aventure, et ça serait surtout le plus beau des remerciements pour Erik !”
Eliès vise une troisième victoire consécutive en Imoca
Yann Eliès, coureur émérite de la classe Imoca mais absent du Vendée Globe, ronge forcément son frein en ce moment. Il n’a qu’une hâte : retrouver un plan d’eau, notamment transatlantique. “Ce serait un crève-cœur de ne pas être sur la course cette année.” Le triple-vainqueur de la course travaille sur son propre projet, à la recherche d’un sponsor puis d’un bateau, mais le plus probable pour 2021 est qu’il embarque avec quelqu’un. “Mon souhait numéro 1, c’est de repartir avec Charlie Dalin sur Apivia, comme en 2015 et 2019. On a trouvé un mode de fonctionnement à deux, on a presque l’impression d’être imbattables.”
Sur les quatre dernières éditions, Yann Eliès est toujours monté sur le podium au Brésil : victoire en 2013 en Multi50 avec Erwan Le Roux, troisième place en 2015 en Imoca avec Charlie Dalin, victoire en 2017 en Imoca avec Jean-Pierre Dick, victoire en 2019 en Imoca avec Charlie Dalin. En Imoca, il est donc double tenant du titre. Jamais deux sans trois en 2021 ? En attendant, Yann déclare sa flamme à cette course et à la navigation en double : “C’est la configuration optimale. Le partage d’expériences et de compétences est super intéressant, c’est plus confortable, et ça permet d’utiliser les bateaux à 100% de leur potentiel. C’est l’avenir de la course au large.” Que de promesses, pour cette nouvelle année enchantée des 60 pieds, des Sables d’Olonne au Havre, avant la traversée.