L'actualité de la course

Une flotte fatiguée

Une flotte fatiguée

La 13e édition de la Transat Jacques Vabre compte désormais 35 équipages suite à l’abandon du Class40 Campagne de France et au chavirage hier soir du Multi50 Drekan Groupe. En ce cinquième jour de course, les marins accusent le coup. Le rythme effréné imposé par les leaders, la mer chaotique et les grains violents sollicitent énormément les bateaux et les marins. Au classement de 16h, Sodebo Ultim’ devance toujours Maxi Edmond de Rothschild de 62 milles, tandis que St Michel-Virbac mène toujours la danse en Imoca devant l’incroyable SMA. Bagarre plus que jamais d’actualité entre Arkema et FenêtréA-Mix Buffet en Multi50, tandis que Imerys Clean Energy devance de 20 milles V and B auteur d’une spectaculaire remontée.

Chavirage

Récit du chavirage de Drekan Groupe et du sauvetage des skippers par Eric Defert, skipper de Drekan Groupe, joint par téléphone sur le cargo Beautriton

« On était sous un ris avec le petit gennaker au portant. On allait rouler le petit gennaker. J’étais dedans et Chris (Christopher Pratt) était sur le pont. Je me préparais à sortir, une risée est rentrée. Le bateau a sanci par l’avant. C’est monté fort, sous un nuage dans la nuit noire… Pourtant, nous étions très prudents. Chris a eu chaud. Moi, j’étais dedans, donc ça va, mais quand tu es sur le pont c’est moins facile. Il a y eu un gros moment de choc. Tu t’en veux, il n’y a pas de mots. (….) Nos sauveteurs sont arrivés sur zone à minuit et demie. (…) Ils nous ont tournés autour toute la nuit, ils ont fait un super boulot. Le sauvetage fut épique car il y avait beaucoup de mer et du vent. Leur bateau n’avait qu’un petit moteur de 15ch. Ils sont venus à 3 nous sauver et parmi eux, il y avait un gars dont c’était l’anniversaire. Tu te rends compte, son cadeau ça a été de sauver deux vies… (…) »

Récit à écouter dans son intégralité sur https://www.transatjacquesvabre.org/fr/audios

Abandons

- Halvard Mabire et Miranda Merron sur Campagne de France (Class40) sont arrivés à 12h30 à Cherbourg et ont déclaré officiellement leur abandon à la Direction de course de la Transat Jacques Vabre, suite à une sérieuse avarie de leur safran bâbord.

- Suite à son chavirage, Drekan Groupe va officiellement être déclaré abandon dans les classements.

Arrêt au stand

- Enel Green Power skippé par les Italiens Andrea Fantini et Alberto Bona fait route vers Lisbonne. Andrea a appelé la Direction de course aux alentours de 14h pour indiquer que le safran tribord (ferrure ou palier) était cassé. Le safran est récupéré mais il y a un gros trou à l'arrière au niveau de la mèche de safran.

Retour aux affaires

- Prince de Bretagne est reparti à midi des abords de l’île Santa Maria au sud de l’archipel des Açores. Lionel Lemonchois et Bernard Stamm ont pu solutionner leur problème de drisse de grand-voile.

Attention coup de frein

Bientôt la mi-parcours pour les deux locomotives de la Transat Jacques Vabre en approche de la latitude du Cap Vert et un ralentissement à venir. Cette dépression stationnaire dans le sud des Canaries dont Richard Silvani de Météo France parle depuis deux jours perturbe les alizés et va créer un mini Pot au noir avant le vrai… Dès demain, les trimarans vont devoir subir et réfléchir. Le suspense reste entier.

Attention grains

Pour les Multi50, les Imoca et les Class40 l’ambiance humide, les brusques rafales et la mer cabossée ne sont pas encore terminées. « On est bien cramé ! Là, on est sous spi avec 2 ris dans la GV et on fait des pointes à 18 nœuds. » expliquait à la vacation Alexis Loison, co-skipper de Carac. Erwan Le Roux sur son Multi50 FenêtréA – Mix Buffet racontait que « l’ambiance était piste noire, genre descente vertigineuse. » Demain les conditions devraient commencer à s’améliorer. Bricolage et siestes seront alors programme…

Ils ont dit

Benoît Hochard, Eärendil (Class40)

« On a en ce moment entre 15 et 20 nœuds établis avec des claques à 30 voire plus de temps en temps. En vitesse, on avance entre 12 et 15 nœuds, les safrans vibrent à partir de 10-12 nœuds. C’est bon signe cela veut dire qu’on avance ! On se pose des questions pour l’empannage, on ne va pas trop traîner. On est impressionné par le rythme des premiers. »

Philippe Burger, Gras Savoye Berge Simon Obportus (Class40)

« Nous avons eu une nuit un peu pénible, voire presque dramatique. Nous avons perdu un spi. Nous sommes partis au tas, le vent est rentré à 37 nœuds. On s’est retrouvé à plus de 20 nœuds en surf, c’était impressionnant, en plus la nuit était noire, on venait juste d’établir le spi. Mais, bon c’est comme ça, on est crevé. Il nous reste que le spi medium et le grand spi. On va empanner dans deux heures, on a des camarades de jeu devant et derrière. On va mettre le spi medium…»

Justine Mettraux, TeamWork (Class40)

« Ca va plutôt bien, on a un ou deux petits soucis techniques qui nous ont gênés mais on est dans le match. C’est sûr que c’est intense, ça fait plusieurs jours que ça enchaîne, on se relaie toutes les heures sur le pont, c’est exigeant, mais du coup ça va vite donc c’est plutôt plaisant. On a toutes nos voiles. Nous avons eu un petit souci avec notre ris de spi medium. Ceux de devant ont bien donné le rythme. »

Alexis Loison, co-skipper de Carac (Class40)

« C’est soutenu depuis un petit moment, on a plus de 25 nœuds, on glisse le long du Portugal, à la recherche du temps perdu qu’on a laissé aux concurrents à cause des petits problèmes technique. Je ne vais pas te cacher qu’il y a eu quelques départs au tas. On avait un safran un peu abimé donc on était obligé de naviguer à vitesse réduite, autrement on partait au tas. Là vu qu’on est bâbord amures, ça va mieux. On ne sait pas trop si on a tapé un truc. »

Jacques-Arnaud Seyrig, co-skipper d’Esprit scout (Class40)

« On va empanner pour longer le Portugal. Le temps est assez agréable, avec du soleil. On a un nouveau spi lourd qui est trop grand et nous fait partir au lof. Le taquet d’amure s’est ouvert. On a passé la nuit sous code 5 mais nous n’avançons pas beaucoup par rapport aux autres bateaux. On a croisé un cargo sans AIS, c’est un peu dangereux, il n’a pas répondu à la VHF. On est impressionné par le rythme. En descendant de la Bretagne, on avait visé La Corogne pour solutionner les problèmes d’énergie. Maintenant, c’est plus nécessaire mais cela n’a pas fait une belle trajectoire. »

Erwan Le Roux, skipper de FenêtréA-Mix Buffet (Multi50)

« La descente est vertigineuse. Ca ressemble à une piste rouge, voire noire, cabossée. On essaie de ne pas trop accélérer parce que l’état de la mer est vraiment dégueulasse. On pense au matériel. On a vu ce qui est arrivé à Drekan Groupe, ce qui nous a rassuré, c’est qu’ils étaient tous les deux à bord.

Physiquement, il faut faire hyper gaffe. Il y a toujours un gars dehors, on tourne toutes les deux heures. On essaie de faire avancer en ayant la main sur les écoutes. On va garder 25 nœuds jusqu’à ce soir.

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