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Boris Herrmann et Thomas Ruyant (Malizia II)  : Le grand debriefing.

Boris Herrmann et Thomas Ruyant (Malizia II) : Le grand debriefing.

Le dessalinisateur de Malizia II n’a pas produit sa ration d’eau la nuit dernière et la fraîcheur de la première caïpirinha est la bienvenue pour Boris et Thomas.  Sur les pontons de Salvador de Bahia, il n’est pas encore 8 heures locales et  les deux marins, racontent leur course, beaucoup moins linéaire que celles de premiers Imoca. Avec des hauts, des bas, et encore des hauts pour terminer à une belle quatrième place. Récit.

Boris Herrmann, skipper de Malizia II (Imoca)

C’était une super course, je suis très content, merci à Thomas aux partenaires et organisateurs. Je m’attendais à peu près à ça. Bien sûr, avec ce beau bateau, on aurait pu faire un podium. On a fait sans doute des petites erreurs stratégiques. On est quand même content du résultat. J’ai beaucoup profité et appris aux côtés de Thomas.

 

Thomas Ruyant, co-skipper de Malizia II (imoca)

Ca s’est fait un peu dans la douleur au début. On a eu des petits soucis avec le bateau.  C’était difficile de ne pas pouvoir le faire marcher aussi vite que les autres. Mais ce qui est sympa, c’est qu’on n’a rien lâché, même si on s’est fait décrocher. On s’est battu, on est revenu, on s’est refait décroché, c’est encore revenu. J’ai pris énormément de plaisir, on a bien navigué tous les deux. Je pense que Boris va être un sérieux concurrent pour le prochain Vendée Globe. C’est tout ce que je lui souhaite, c’est tout ce que je me souhaite aussi, même si c’est pas fait !

Ce sont vraiment des machines incroyables. On dit que le dernier bord – entre le Pot au noir et l’arrivée – est très long mais j’ai pu savourer quand même ces moments de glisse sur ces bateaux magiques.  J’ai eu l’occasion sur ce dernier bord de mesurer la chance que j’avais de naviguer sur des bateaux comme ça et avec des marins comme ça.

 

Derrière le front, ça a été compliqué. Le phénomène est allé tellement vite sur la flotte que les bateaux les plus dans l’Est étaient mieux positionnés pour la suite. On a tiré la barre pour aller chercher vite le nouveau vent et ça ne s’est pas avéré payant. On a cassé à ce moment-là nos deux aériens de girouette – en fait visiblement, ce sont les câbles  - et ça nous a pas mal handicapé pour toute la transat, sans info de vent. Ces nouveaux Imoca  sont des machines où on navigue beaucoup aux chiffres. Tu es tout le temps en train de regarder les angles, la force du vent, tous les choix de voile sont basés sur des chiffres. Là, black out complet. On avait plus que le cap et notre feeling. C’était très dur au début et finalement plus la transat avançait, plus on était à l’aise avec ça. C’est presque devenu un avantage. On disait plus « Ah, regarde, y  a 30 nœuds, il faut changer de voile », on regardait dehors, on sortait la tête du bateau, ce qu’on fait rarement d’habitude par ce que tu as 35 nœuds de vent apparent tout le temps. On a fait comme Boris pendant se Mini, à l’instinct et c’est presque devenu un avantage

 

Boris : Pour être honnête, on est très frustré du Pot au noir. Quand tu es sous les nuages et que les voiles flappent dans les deux sens. Tu te demandes comment c’est possible. Et au final, tu te prends deux jours de plus. On a vu les autres partir et on savait bien que c’était fini pour le podium.

 

Thomas : On a cru qu’on était sorti, on se tapait dans les mains, on a même fait une vidéo « ouais, c’est fini ! »…  On a fait du près dans du Sud-Est établi pendant quatre heures et puis, on vu les lignes de grains se reformer. On s’est dit non, c’est pas possible ! En fait le phénomène se regonfle sur toi, tu es piégé.

 

Boris : D’autres ont eu pire !

 

Thomas. Tu as raison, dans l’histoire on s’en sort pas si mal. On avait quand même un petit décalage avec Des Voiles et vous ! Du coup, il y avait possibilité de jouer jusqu’au bout, ça n’a pas été le  cas. Le bord jusqu’au Brésil a été encore plus long.

 

Boris : On a beaucoup discuté bord, de vraies commères. Avec les autres bateaux aussi, les communications étaient sympa.  On a croisé SMA au troisième jour. Juste avant le Pot au noir on était à côté d’Initiatives et Generali, on s’est jamais senti seuls !

 

Thomas : Revenir à Bahia, c’est quand même chouette. Ce matin, j’ai eu exactement la même arrivée qu’en 2009. Tu arrives dans la baie, c’est tout blanc et tu te dis que ça va être long. Finalement, tu glisses jusqu’à la ligne avec les mêmes bords de près, c’est super. La ville n’a pas l’air d’avoir beaucoup changé, on va aller voir ça !

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