L'actualité de la course

Message de la nuit : Halvard Mabire - Campagne de France (IMOCA)

Message de la nuit : Halvard Mabire - Campagne de France (IMOCA)

Nouvelles du front : ça mouille!

Enfin, pour Miranda, surtout, puisque moi je suis en train d'écrire à la table à

cartes. Même si le bureau bouge beaucoup, il ne pleut pas encore dedans!

 

Pas très confortable ce passage au Nord de la "Verboten Zone".

La "zone interdite", pour nous, c'est la "DST". La DST ce n'est pas la

Défense Spéciale du Territoire, ou autre Zepo du genre, c'est le

"Dispositif de Séparation de Traffic". C'est à dire une espèce de double

couloir d'autoroute à cargos, et même que ceux-ci sont obligés de passer

dedans.

Donc il y a un "rail montant" (vers le Nord) et un "rail descendant" (vers

le Sud), pour ne pas que les cargos se rentrent dedans, pas de face en tous

cas...

Sur notre route, il y en avait quelques unes comme ça des "DST".

Une aux Casquets, en Manche, dans le nord-ouest d'Aurigny, une autre au

large de Ouessant, et enfin celle que nous sommes en train de contourner au

Large du cap Finisterre.

C'est un peut bizarre d'avoir comme ça en pleine mer des zones virtuelles,

mais non moins très strictes et parfaitement délimitées. Elles sont

tellement bien définies sur la carte que l'on pourrait même s'attendre à

voir des barrières ou des feux, ou autres barbelés, sur les côtés, histoire

que nous, pauvres petits voiliers piétons inconscients, il ne nous vienne

pas l'idée saugrenue de traverser l'autoroute.

Mais là où le système a ses limites, c'est que les cargos ne naissent pas

et ne meurent pas dans les DST, mais qu'il faut bien qu'ils y entrent et

qu'ils en sortent, vu qu'ils sont obligés d'emprunter ces DST. Donc à

l'entrée et à la sortie c'est un vrai merdier, et nous sommes donc

contraints de slalommer entre les cargos au moment où nous contournons les

DST.

Autant ce que font les cargos à l'intérieur des DST c'est clair, vu qu'ils

sont obligés de conduire bien droit dans les rails sous peine d'amendes

(Heh oui, en plus il y a des Gendarmes pour surveiller les DST!), mais à

l'entrée et à la sortie des DST ça se bouscule un peu au portillon, et

parfois de façon bien anarchique.

Heureusement, avec nos radar et AIS nous arrivons à les suivre à la trace,

mais il faut cependant avoir recours de temps en temps à la VHF pour

essayer d'entrée en contact directement avec la passerelle du cargo et y

voir un peu plus clair dans leurs intentions afin d'éviter la collision. Et

c'est là où le folklore commence, l'anglais "international" étant aussi

diverse que largement pratiqué, en passant par tous les accents possibles

et imaginables pour devenir une sorte de sabir baragouinatif et pas

forcément clair et compréhensible. Donc c'est parfois très chaud et

finalement ce n'est pas étonnant qu'il y ait des collisions.

On pourrait croire que la mer est assez grande pour tout le monde, mais il

y en a quand même pas mal qui arrivent à s'emplafonner, façon collision

entre deux bagnoles seules roulant dans le désert.

C'est à cause de ça que petit à petit des règles de plus en plus strictes

sur la circulation maritime se sont instaurées et ce que j'appelais

autrefois un espace de liberté était vu par les politiques comme un espace

de "non droit", qu'il devenait urgent de réglementer à tout va.

N'empêche qu'aucune règle ne remplacera ni le bon sens, ni la veille

attentive, ni le sens des responsabilités, et que finalement plus il y a de

règles et plus ces qualités disparaîtront et par conséquent le "zéro

collision" n'est malheureusement pas pour demain.

Et cela me prend bien du temps à écrire ces quelques lignes, vu que

justement il faut AUSSI assurer la veille. Et quand je pense qu'à terre il

y en a qui croient que l'on a rien à faire quand on est en mer...

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