L'actualité de la course
Message de la mer : Halvard Mabire Campagne de France (IMOCA)
J'ai l'impression qu'il piaule sévère sur la pointe armoricaine et dans le Golfe de Gascogne ? Ici c'est plutôt calme. Un peu trop d'ailleurs, même si ce n'est pas désagréable. Peut-être qu'aujourd'hui nous aurons droit au soleil, pour la première fois depuis le départ, car jusqu'à maintenant nous avons plutôt été dans quarante douze nuances de gris. Pour l'instant nous devinons à peu près où est notre bon astre, mais c'est encore complètement voilé.
Diverses petites bricoles à bord, mais dans l'ensemble ça va. C'est juste énervant de découvrir des "vices cachés", mais ce sont les affres des bateaux d'occasion au sujet desquels les vendeurs n'ont pas tout dit. Comme il n'y a pas eu beaucoup de piaule cet été et qu'aussi nous avons été contraints de passer pas mal de temps en chantier, il est assez normal que l'on découvre des trucs au fur et à mesure.
C'est d'ailleurs pour cela que c'est bien cette Transat Jacques Vabre Normandie Le Havre. Nous savions dès le départ que nous ne pouvions pas vraiment jouer la performance, ce qui ne nous empêche tout de même pas de nous prendre au jeu de la compétition, mais en plus du plaisir de faire une belle transat nous y allions aussi pour apprendre le bateau et mettre en évidence la liste des travaux du chantier d'hiver, prévus juste après notre retour du Brésil par la mer.
Sans surprise, la "job list" s'allonge, et la commande au Père Noël de Miranda s'allonge aussi... Il va falloir une grande hotte j'ai l'impression. Afin que le Père Noël pense bien à elle, je dois dire d'ailleurs qu'elle est très sage et travaille beaucoup et très bien. Elle peut donc écrire sa lettre au Père Noël, normalement ça devrait le faire.
Je prends comme prétexte sa préparation au Vendée Globe et aux courses de la saison 2020, The Transat et New York Les Sables, qui sont aussi en solitaire, pour en faire le moins possible à bord et la laisser tout faire. Éventuellement, je tourne quand même un peu les manivelles de winchs de temps en temps, histoire de faire un peu d'exercice, mais pas à en péter une durite. Sinon je continue en mer mon boulot de préparateur en m'occupant des diverses petites bricoles. La boite à outils n'est jamais très loin, mais nous n'avons encore sorti ni perceuse, ni meuleuse, ni pompe à vide, ni outillage de stratification, ni même utilisé un tour ou une perceuse à colonne, ce qui est plutôt bon signe. En fait tout va plutôt bien côté bateau et jusqu'à maintenant nous n'avons à faire face qu'à des petits tracas minimes, beaucoup plus énervants que vraiment gênants ou graves. Mais moi j'aime bien que tout fonctionne.
Coté navigation, la route est quand même longue et pas si simple entre Le Havre et Salvador. Encore une fois nous assistons aussi à des phénomènes de "passage à niveau", à savoir que si on loupe le coche, on prend un train de retard. Bien qu'ayant l'habitude des trains un peu erratiques pour pratiquer de temps en temps la SNCF entre Paris et la Normandie (le moins souvent possible, vu comment ça fonctionne), ce n'est jamais très agréable de constater que le train d'avant le sien passe sans encombre, alors que celui dans lequel on est prend du retard pour les raisons les plus diverses (travaux sur la voie, dorsale anticyclonique, grève du vent ou du personnel, vache égarée sur la voie). On verra bien si le phénomène d'accordéon joue un peu au Pot-au-noir, mais on constate quand même souvent dans notre bas monde que les riches ont tendance à l'être de plus en plus. Donc les copains de devant semblent faire un peu le trou et nous n'avons malheureusement pas tellement d'autres alternatives que de compter sur un gros coup de Jarnac pour espérer se refaire la cerise. Mais peu importe, car si on met plus de temps qu'eux, on en profitera plus aussi.