L'actualité de la course
Message de la mer : Erik Nigon - Vers un Monde sans Sida (IMOCA)
Bon alors par où commencer... S’il y a des couche-tard vous avez peut-être vu que nous étions en train de dériver cette nuit pendant 2 heures ?
Je vous avais laissé hier avec notre choix de mettre le grand gennak plutôt que le spi même avec mes doutes sur la capacité à le rouler dans la brise...
Voilà ti pas qu'au milieu de la nuit Tolga me réveille, car un gros orage arrive sur nous avec éclairs, vent... Bref tout ce qui fait leur charme et leur danger...
Décision est prise de rouler le gennaker avant le plus gros du vent… Et comme je le craignais il se roule très mal et une grande partie continue de battre. Décision immédiate de le descendre mais avec le vent et la mer nous n'arrivons pas à l'attraper ou plutôt nous y arrivons mais immédiatement il nous emporte hors du bateau et ça devient très dangereux.
Nous insistons en tâchant de le baisser un peu plus, mais c'est super dangereux car on risque de passer à l'eau et le vent est bien monté, on est au milieu du grain alors au moment où il passe au-dessus du pont, je lâche la drisse en priant pour qu'il tombe sur le bateau... Et bien entendu impossible de le retenir et il tombe à l'eau.
Pour rentrer rapidement la voile nous avions ouvert le panneau avant (je sais il y a plein d'erreur de débutant en IMOCA dans ce récit) et en repartant vers le cockpit je passe à travers direct et tombe sur le dos 1,5 m plus bas. Une jambe a accroché le bord du trou et je laisse une petite trainée de sang, mais je n'ai rien de cassé, juste un peu "tassé" au niveau dos et thoracique mais il y a plus urgent...
Pour préserver le mât qui maintenant traine un filet rempli d'eau, je demande à Tolga de couper drisse et amure, laisser filer les écoutes, il sera impossible de récupérer la voile mais c'est elle ou le mât ...
Une écoute s'est emmêlée et la voile passe sous le safran tribord qu'elle soulève. Je mets le bateau à la cape, il reste juste la drisse qui pend derrière le mât et se ballade 10m derrière le bateau mais c'est juste la partie solidaire du mât, la voile est bien décrochée et nous libère.
Il n’a plus qu'à récupérer la drisse tout vérifier et redescendre le safran bâbord... et de mettre un pansement provisoire sur la bosse et sa plaie en attendant le jour pour faire mieux.
Encore une petite heure et nous reprenons la route et je nous remobilise pour repartir en course sachant que nous sommes toujours dans la zone orageuse et qu'il ne faut pas trainer dans le coin... Ce n'est que 2 heures de perdues et un gennaker coulé dans 4000 mètres d'eau, je m'en excuse auprès de mer/mère nature mais tombé à l'eau, il était condamné. Mais on aurait pu perdre le mât, perdre l’un de nous deux éjecté à l'eau et j'aurais pu me faire très mal dans ma chute par la trappe...
Ce matin j'ai bien suturé la plaie et ai des douleurs musculaires, normales après cette gamelle, qui me font grimacer quand je dois mouliner à la colonne.
Le pot au noir tient toutes ses promesses !
La suite plus cool j'espère...
Erik