L'actualité de la course

Message de la mer : Halvard Mabire – Campagne de France (IMOCA)

Message de la mer : Halvard Mabire – Campagne de France (IMOCA)

J'ai bien cru ne jamais pouvoir rédiger ce mot tant nos problèmes d'informatique empirent. La nuit a été un peu agitée, mais pas plus que ça,  en tous cas normale quand on navigue dans un alizé un peu soutenu à une allure un peu débridée. Toujours est-il qu'à chaque vague, chaque soubresaut, tout saute et rideau
complet. Cela veut dire plus de cartographie, plus d'AIS visible, et nous croisons pas mal de cargos qui remontent vers Panama, plus de logiciel de navigation, plus de communication, plus rien. Donc galère et surtout la répétition incessante du problème a de quoi énerver copieux. Trop de câbles, trop de connectique, le tout probablement "merde in China" et pas très bien monté,  et par conséquent moults faux contacts, et pertes de connexion totale. Le pire est que tout fonctionnait cette saison, avant que ce ne soit "vérifié" tout ce matos. Comme quoi, en informatique le mieux est l'ennemi du bien et tout informaticien devrait afficher ça sur la glace de sa salle de bain, afin d'y méditer à chaque fois qu'il se lave les dents. Déjà, quand tout fonctionne au bureau, bien stable et bien au sec, cela tient du miracle, mais quand ça fonctionne sur un bateau à voile soumis à tous les chocs que l'on ne peut même pas imaginer, cela tient de la magie
noire ou de la sorcellerie.
Nous sommes un peu inquiets pour le retour, car cela risque de bouger autrement plus que pendant cette Transat Jacques Vabre Normandie Le Havre, et ce n'est pas à Salvador que nous pourrons tout changer. En effet, ça fait partie, entre autres, de la commande au Père Noël de Miranda. Bref, chacun ses petits soucis ménagers, et cela ne nous empêche pas d'avancer, bien que ce soit très gavant et que nous n'avons pas encore installé de "soulageur"* à bord (* : voir écrits de la Global Ocean Race dans nos archives pour savoir ce qu'est un soulageur - Denis merci de ressortir ça).

En attendant nous sommes le 11 Novembre.
Ce n'est pas un jour "férié". C'est un jour de deuil européen. Chacun doit méditer sur tout ce que nous avons perdu dans cette guerre civile européenne, qui au-delà d'avoir décimé toute l'élite populaire et rurale de
nos pays sous un orage d'acier, marque bien la fin d'un monde, qui s'est abîmé dans un grand suicide collectif. Un armistice est toujours un événement heureux, mais encore eu-t-il fallu que les conditions de cet armistice n'encouragent pas la continuité du conflit, avec juste quelques années de pose, histoire que chacun refourbisse ses armes afin de vraiment arriver à faire disparaître une bonne fois pour toute notre civilisation. Certains "héros nationaux", portent une lourde responsabilité. L'influence de Clemenceau, homme de gauche devenu jusqu'au boutiste et n'hésitant pas à sacrifier son peuple, a été dramatique pour la rédaction du Traité de Versailles, qui portait en lui tous les germes de la deuxième déflagration mondiale.
Au moins que ce 11 novembre serve à méditer sur tout ça et à se demander comment en sommes-nous arrivés là. Désolé pour ces propos pas bien gais et en total contrastes avec l'Aventure que nous vivons présentement, mais l'isolement des navigateurs du Large ne doit pas être non plus prétexte à l'oubli du sacrifice, malheureusement inutile, mais voulu par nos dirigeants, des générations qui nous ont
précédés.

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