L'actualité de la course

Message de la mer : Maxime Sorel – V and B Mayenne (IMOCA)

Message de la mer : Maxime Sorel – V and B Mayenne (IMOCA)

Dernier message du bord sur cette Transat Jacques Vabre Normandie Le Havre.
C’est presque l’heure du bilan de cette course. Nous sommes en train de longer les côtes du Brésil à plus de 19nd de vitesse bateau sur une mer plate. On guette attentivement le danger qu’il peut y avoir dehors. On a un bateau à foils à nos trousses que l’on a réussi à doubler hier soir, c’est le bateau qui gagne la TJV 2017.
Ce bord me remémore plein de souvenirs, ça me replonge vers 2017 en Class40 avec le mano a mano incroyable jusqu’à la dernière minute.
Un projet de course au large c’est énormément d’énergie à mettre en œuvre afin d’être au départ d’une course, tellement d’heures de préparation, tellement d’exigence à la fois à terre et sur l’eau, c’est beaucoup de tension dans l’équipe autant en communication qu’en technique car chacun souhaite donner le meilleur de lui-même, mais c’est tout cela qui procure ces émotions uniques.
L’émotion que j’ai pu vivre lors de cette victoire en 2017 était vraiment spéciale car chaque course est unique. C’était la concrétisation de plusieurs années de travail avec des hauts et des bas et c’est surtout la manière dont on est allé chercher cette victoire. Demandez à ceux qui étaient présents à l’arrivée dans la Baie de tous les Saints l’énergie qu’il y avait sur la ligne!

Aujourd’hui c’est une nouvelle aventure en Imoca qui a commencé depuis bientôt un an et je m’apprête à aller faire quelque chose que j’ai parfois du mal à réaliser alors que j’en parle quotidiennement avec décontraction. Le tour du monde en solitaire sans escale et sans assistance.  
J’aime la compétition Guillaume aussi et au vu de nos résultats de l’année (en solo ou en double) on pouvait s’amuser à dire au l’on aurait aimé être sur le podium des bateaux à dérives. L’histoire de la course en aura décidé  autrement, arrêt au stand à Brest qui finalement nous coûte 14h (entre l’aller/retour et le stop à quai).
Je souhaite d’ailleurs remercier l’équipe technique une nouvelle fois qui a été remarquable et impressionnante d’efficacité (bravo les gars : Gurloës, Damien, Thomas, Endelvy, Arnaud).
On est reparti de cet arrêt un peu abasourdi, c’était pour moi la première fois que cela arrivait. On ne savait pas vraiment si on allait pouvoir repartir d’ailleurs car la pièce que l’on a changée était structurelle du mat et nous n’étions pas complètement certains que cela était compatible. On avait beaucoup de retard sur nos concurrents mais surtout notre option route initialement prévue n’était plus d’actualité il fallait repenser la stratégie globale.
Il y avait un léger doute qui planait sur la pièce que l’on avait changée à Brest  mais j’ai très vite fait le vide là-dessus.
Il a fallu aller se poser un peu afin de redéfinir la nouvelle histoire à écrire sur cette course. L’envie était là aucun doute ! J’ai la chance d’avoir des partenaires (V and B, Mayenne et les partenaires du club Sailing Together) qui me soutiennent dans ce que je fais et peu importe, ce qui se passe, sont toujours riches d’encouragements et très compréhensifs. La course au large est un sport mécanique avec en plein d’autres paramètres qui peuvent changer le cours d’une histoire de course, mais finalement c’est un peu comme la vie d’une entreprise, d’un département, qui doit se battre au quotidien et faire avec les aléas pour avancer, maintenir le cap dans le but de toucher l’horizon...
J’ai aussi la chance et une grande fierté d’être parrain de l’association Vaincre la Mucoviscidose et ça je peux vous dire que question envie et énergie c’est l’une de mes plus grandes motivations. Je profite de l’occasion d’ailleurs pour remercier de nouveau Paul Fontaine d’avoir accepté d’être parrain du bateau et de me donner tant d’énergie à chaque fois que je suis en sa présence.

On aura donc bien remonté les manches sur cette 14ème édition de la Route du café afin de tenter de recoller nos petits camarades et revenir dans le match. L’objectif était aussi de valider le travail de préparation du bateau et donc d’arriver avec un bateau en bon état à Salvador. Il reste un peu moins de 150 nm mais jusque-là le bateau est en super état et pourtant on aura cravaché le dragon !! J’ai emmagasiné encore plus d’expérience avec la machine, on a vu pleins de points d’amélioration en terme d’ergonomie et vie à bord afin d’augmenter les performances. Je me sens bien avec ce dragon des mers, il y a un bon feeling, j’aime l’énergie qu’il me renvoie...
On devrait finir dans le top 5 des bateaux à dérives droite.

Dans quelques heures nous allons retrouver la civilisation, les équipes techniques, de communication, les partenaires et les proches pour fêter ensemble la fin de cette magnifique course. A toute l’équipe qui m’entoure on peut être fier du travail accompli cette année, les objectifs sont plus que remplis, les voyants sont au vert pour attaquer notre grosse année 2020. Merci à vous d’être à mes côtés.
Un grand merci à l’organisation TJV pour son village départ mais aussi le professionnalisme sur le suivi sur l’eau.
Énorme merci à nos partenaires qui nous permettent de faire des choses hors du commun.
Et bien sûr, MERCI à vous tous qui nous avez suivis et encouragés avec vos nombreux messages. Vous êtes aussi la force de ce projet. Nous sommes de plus en plus nombreux à faire partie de cette communauté sensible à la cause de l’association, assoiffé d’aventure humaine et de défis en tous genres.
Je vous laisse imaginer ce que l’on va vivre lors des 3 mois autour du monde. Je n’ai pas arrêté d’y penser pendant cette transat c’est quand même un truc de fou et ça, on va le vivre ensemble chaque jour...

Êtes-vous prêt à embarquer avec moi !?

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