L'actualité de la course
Message du bord de Vivo A Beira (Imoca) 17 novembre 11:25
Cela fait presque 48 heures que nous sommes entrés dans la zone de convergence. Nous y sommes encore mais pour la première fois ce matin, nous avons touché –nous n’osons encore y croire – une veine de vent plus stable en direction et en force.
Dans les calmes, le bateau se cabre comme un cheval immobile avant de retomber lourdement dans la houle ; les voiles claquent ; le chariot de grand-voile semble vouloir se débarrasser de sa bôme. Mais, plus que les calmes, l’incertitude est le facteur – psychologique - le plus difficile à gérer. Il faut trouver les clefs du labyrinthe ; mais ce labyrinthe est changeant et se déplace avec nous. Alors on tente de rationnaliser ; on se fait chasseurs de grains ; on consulte les photos satellites de la zone en traquant nuages en phase d’expansion (à éviter car ils aspirent l’air dont nous avons besoin) et nuages en phase de dissipation (les meilleurs !); on se bat comme des lions dans chaque grain (4 la première nuit !) pour attraper le filet d’air salvateur.
Le moral de l’équipage est corrélé à deux facteurs : non seulement la quantité de vent et sa direction dont nous disposons mais également celle dont disposent nos camarades. Le relevé des positions (disponible toute les heures mais que nous ne consultons pas aussi régulièrement) peut se révéler un crève-cœur ; par exemple quand tel concurrent dont nous pensions qu’il était sorti des calmes se retrouve à nouveau encalminé.
Le bon coté des choses est que nous disposons, après un grain hier particulièrement pluvieux, de seaux d’eau douce pour les douches.
Notre ami le petit rapace est reparti d’où il est venu. Les quarts s’enchainent et le Brésil n’est plus très loin. La nuit, quand le bruit des poissons pilotes qui rebondissent sur notre roof s’estompe, nous entendons déjà les écoles de samba dans le port de Salvador.
Yoann et Pierre