L'actualité de la course
Météo : Dévents et déveines
« Le vent a pris beaucoup de gauche, un peu trop même et j’espère qu’on ne va pas avoir à se décaler pour passer le Cap Vert ... » Ce matin à la vacation, Christopher Pratt se plaignait de la variation de l’alizé. Il est bon de tourner la carte vers le sud et se mettre dans le sens de la route pour bien comprendre ces histoires de rotation au portant (tenez bien votre ordinateur !) Dans l’alizé de nord-est, les IMOCA naviguent actuellement babord amures, cap sur le Pot-au-noir. Ils reçoivent donc le vent sur la gauche. Et cherchent à abattre au maximum pour gagner dans l’ouest vers l’entrée du Pot-au-noir. Mais à cette allure, ils ne peuvent descendre en dessous de 140-145° du vent, d’autant que l’alizé a molli.
Quand le skipper de Charal parle d’un vent qui ’tourne à gauche’, celà veut dire qu’il passe du nord-est au nord. Au lieu de tenir un cap au 190°-200° vers le but comme hier, voici donc Charal obligé de loffer au 170° environ. Il se rapproche donc du Cap Vert et de ses dévents, notamment celui de l’île de Santo Antao : le volcan culmine à 1979 mètres. C'est certes moins que celui de Fogo (2800 m) mais Santo Antao est plus massive et son dévent s'étend plus loin vers le sud...
Conserver du vent frais
Bref, on s’attend d’une heure à l’autre à voir Charal et ses poursuivants empanner pour se recaler dans l’ouest et conserver une marge suffisante par rapport aux îles, manoeuvre qu'il faudra répéter ensuite pour repartir au sud. Autant de zig- zag dont se seraient bien passés les coureurs qui pensaient foncer droit vers le Pot-au-noir.
Le phénomène est le même à Madère et aux Canaries. Made in Mini qui passe actuellement à 55 milles de La Palma devrait être tranquille. Rien n'est moins sur pour Pip Hare, qui a opté pour un passage sous le vent de la Gomera et de Tenerife où le mont Teide cumine à plus de 3700 mètres prend un risque réel de voir la brise l’abandonner plusieurs heures…
Bien sur, lorsque les concurrents s’arrêtent en escale technique, le nouveau départ est parfois laborieux. A Madère, la marina Quinta do Lorde est à la pointe est de l’île. Il vaut mieux accepter de faire du sud-est un bon moment bâbord amures que de chercher à repredre tout de suite la route directe, comme le fait actuellement Eärendil. Au Cap Vert, l’arrêt à Mindelo impose ensuite de rester longtemps dans le sillage de l’île de Santo Antao, toujours plus influent que l’on croit. Reparti dans la nuit, Primonial peine toujours à 10 noeuds ce matin en multipliant les empannages alors qu’en eaux libres, le Multi50 filerait le double sans problème…