L'actualité de la course

Ils sont fous ces marins…

Ils sont fous ces marins…

Photos souriantes, images de mer éblouissantes avec coucher de soleil ou sillage effréné, peluche en tous genres, mots sympas et rigolos, le regard de la toile, si dépaysant soit-il, ne reflète pas toujours la vraie vie des compétiteurs du large. Ce début de course sur la 14e Transat Jacques Vabre Normandie Le Havre affiche un rythme dément, indécent parfois. Et ce sont les marins qui le disent !

« Personnellement, je suis assez impressionné par le potentiel des bateaux et le rythme très élevé avec lequel les leaders mènent la course. On n'a pas l'impression de chômer avec Arnaud (Boissières). On règle tout le temps, on fait des bons choix de voiles en « timant » parfaitement les manœuvres et on a l'impression d'aller toujours très vite. Pourtant on n'arrive pas à tenir le rythme des premiers. » nous écrivait cette nuit Xavier Macaire sur l’Imoca La Mie Câline – Artipôle. Figariste extrêmement talentueux, marin chevronné, Xavier Macaire connaît la musique, on peut donc le croire… 

Rentrer dans le rythme de la course et ne pas se faire distancer dès le début est en soi une gageure : « L’air de rien, on n’a pas navigué depuis dix jours, on passe des coupettes de champagne au seau d’eau dans la tronche… » souriait Aymeric Chappellier au moment de quitter le quai dimanche dernier. C’est là toute la difficulté d’une transatlantique au mois de novembre avec un plateau de coureurs des plus relevés, en double qui plus est !

On ne nous dit pas tout !

Démarrage sur les chapeaux de roue au portant dans la grosse brise et une mer creuse, première nuit rock’n roll, les duos ont navigué fast and furious, pied au plancher avec un œil attentif au bateau. « On s’est fait plaisir mais on a joué la prudence » confiait Fabien Delahaye sur le Class40 Leyton ce midi. Comprenez que le binôme a « tartiné » à plus de 20 nœuds sous spi…
Des spis déchirés, des avaries, on sait qu’il y en a, mais les équipages dans ce cas ne sont pas bien bavards. Puis faire sa route et son choix dans un golfe de Gascogne par très clair, sentir le bateau taper au près, tenter de se reposer, de se concentrer à la table à cartes pour la stratégie de course. «La liste des petites bricoles à faire  s'allonge mais l'intensité et la fatigue de ce début de course pousse à remettre au lendemain. Les muscles sont douloureux, les estomacs un peu brassés donc on y va tranquille, on s'amarine. Ca tape fort cette nuit !! » écrivait Mathieu Claveau sur son Class40 Prendre la mer agir pour la forêt. Le rythme est effréné et les leaders dans chacune des classes tirent les autres vers le haut. « On a un vieux bateau (plan Finot-Conq de 2010, ndlr), on navigue en régatiers, on a fait un très beau début de course, on est obligé de bosser dur pour avancer à la même vitesse. On ne pense qu’à ça. On a tenu la cadence jusque-là » , confiait Charles-Louis Mourruau (Class40 Entraide Marine – ADOSM) ce midi à la vacation. Avec Estelle Greck, sa co-équipière, il vont devoir faire de leur mieux compte tenu de la casse de leur chariot de grand-voile survenu il y a quelques heures.
La régate au large implique un engagement de tous les instants, mental et physique. « C’est de la régate pure, c’est incroyable, on s’est retrouvé à un mille des côtes espagnoles à trois avec Apicil et PRB, il y a une super bagarre, on résiste bien ! » racontait Jean Le Cam ce midi à bord de son Imoca à dérives Corum L’Epargne. Un rythme de dingue qui se poursuit en ce début de quatrième jour mais dans des conditions un peu moins humides en ce qui concerne les sudistes. Charlin Dalin et Yann Eliès (Apivia, Imoca) commençent à retirer des couches et à faire sécher l’intérieur du bateau alors qu’ils descendent le long du Portugal.

A l’ouest, il reste encore quelques heures bien humides et ventées devant les étraves. Mais la routine de la haute mer en compétition commence à bien s’établir. Les quarts s’enchaîne toutes les 1h30-2H. Il faut tenir, ne rien lâcher jusqu'à Salvador de Bahia.

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