L'actualité de la course

L’œil de Jean-Luc Nélias

L’œil de Jean-Luc Nélias

A tous les étages de cette 13ème Transat Jaques Vabre, les skippers se creusent les méninges. Les préoccupations sont variées : en Multi50 et Imoca, on parle contrôle et placement ; en Class40, de l’alizé qui s’effrite et complique la route vers le Pot au noir. Reposé par une bonne nuit de sommeil, Jean-Luc Nélias  a accepté de donner sa vision du plan d’eau et s’invite quelques instants à la table à cartes de bateaux qui font l’actualité.

«  Attention prévient Jean-Luc, c’est sympa de faire une analyse avec la carto du site et une image météo, mais c’est toujours casse-g…. Tu n’es pas à 100 %, alors qu’une analyse stratégique réclame des moyens et un investissement total ». Ce préambule posé, voici quelques éclairages intéressants à méditer…

 

Comment Arkema a-t-il renversé la vapeur ?

100 milles derrière FenêtréA-Mix Buffet, pile dans son axe à l’entrée du Pot au noir il y a 36 heures, Arkema a beaucoup mieux négocié son passage et pointe ce midi à 50 milles devant le duo Le Roux-Riou. « Un nuage passe, il suffit que tu profites de l’expulsion de la masse d’air pendant que l’autre bateau est du mauvais côté et boum. L’un part à 25 nœuds pendant que l’autre est arrêté. En une demi-heure, tu as repris une dizaine de milles. Tu refais ça trois ou quatre fois dans la nuit et ça change la donne. Tu peux avoir de la chance, mieux lire un nuage ou les deux »

 

Que peut faire FenêtréA-Mix Buffet ?

« Pas grand chose jusqu’à Recife, ça va être une course de vitesse pure. Une fois à la côte, la stratégie change, il faut faire levier, créer du décalage, s’écarter d’une manière ou d’une autre. Le drame pour FenêtréA Mix Buffet, c’est qu’Arkema a sa position toutes les heures. Dans ces conditions, c’est donc facile de contrôler ou plutôt difficile de s’échapper. Mais la fin peut réserver pas mal de surprises selon que l’alizé est fort ou pas. Sur Sodebo avant-hier, nous avons eu beaucoup de pression tout le long de la côte, 5-6 nœuds de plus que les fichiers avec une mer pas simple. 30 nœuds, ça redevient du pilotage à risque en multicoque, tu peux pousser l’autre à la faute, mettre beaucoup de pression quand tu es derrière. Tu fais empanner plusieurs fois, l’autre casse des lattes ou je ne sais pas quoi et la course est relancée. »

Dans la peau de SMA

« St Michel Virbac est en train de sortir du Pot. A chaque fois que le vent va augmenter, ils le toucheront plus tôt, donc ils vont creuser. Plus tu es Sud, plus tu touches, c’est comme ça. Ca devient vraiment compliqué pour SMA. Surtout qu’ils ont derrière eux Des Voiles et vous ! qui est un foiler avec plus de potentiel aux allures serrées de la fin de course. Donc, à la place de Paul et Gwénolé, tu peux être tenté de regarder dans les rétros plutôt que loin devant… "

Les Class40 peuvent-ils anticiper leur entrée dans le Pot au noir ?

« Pas vraiment à la vitesse où ils vont. Une onde a brisé l’alizé. Il faut continuer à aller vite en faisant de petits décalages dans les variations qui vont être nombreuses. Si tu suis la théorie, tu essaies de gagner dans l’Ouest mais c’est assez aléatoire. Dans deux jours, si ça se trouve, ça se passera très bien à l’ Est et alors, tu as un super angle pour finir dans l’alizé de Sud.  En fait, celui qui est dans un position compliquée, c’est le gars devant. Une place plus enviable, c’est celle de TeamWork 40. Tu es décalé derrière, tu n’as rien à perdre, là tu peux optionner, être agressif, tenter quelque chose. Pour les trois devant qui se tiennent en 10 milles, c’est beaucoup plus tendu. Faut faire du Sud, du Sud, du Sud... »

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