L'actualité de la course

Doubles mixtes

Doubles mixtes

Ils sont six équipages à avoir privilégié le double mixte pour partir à la conquête de la 13e édition de la Transat Jacques Vabre. Pas de quoi pavoiser certes mais un marin restera toujours un marin, quel que soit celui ou celle qui porte le ciré.

Il y a des milles que la course au large n’a plus rien de macho. Les mots « skipper » et « marin » ne désignent-ils pas sans distinction, un grand brun costaud ou une petite blonde fluette ? Une femme sur un bateau de course fait désormais partie du paysage de la voile de compétition, sans plus en être l’élément exotique qui fait joli dans le décor. Manœuvres, choix stratégiques, réparations, cuisine ou quart de veille, tout se partage à bord comme les deux doigts d’une même main ferme et calleuse. Avec ses six équipages mixtes, la Transat Jacques Vabre 2017 n’entrera certes pas dans le Guinness Book des records de la parité, mais la qualité compense largement la quantité, avec un maître-mot : la complémentarité.

Deux de couple

Pour son grand retour dans la Transat Jacques Vabre après 12 ans d’absence, Servanne Escoffier ne revient pas sur la pointe des bottes. Devenue team manager de BC Race, la première écurie malouine de course au large, la jeune femme embarque à bord de Bureau Vallée 2 (ex-Banque Populaire) comme co-skipper de Louis Burton qu’elle connaît plutôt bien tout partager avec lui (maison, enfants, boulot…) « J’ai voulu absolument courir la première grande course avec ce nouveau bateau pour me rendre compte de ce que c’était. Je sais que Louis s’en sort très bien, mais c’était nécessaire pour moi de vivre une transtlantique à bord de ce bateau qui n’est pas simple. Il faut aller chercher chaque dixième de nœuds, le matossage est dur… Concernant les enfants, ils sont fiers que leurs parents partent ensemble, peut être rassurés aussi qu’on soit tous les deux. Et puis ce n’est pas si long 15 jours d’absence par rapport à un Vendée Globe qui dure trois mois. »

Autre couple dans la vie comme sur le pont de leur Class40 Campagne de France, Halvard Mabire et Miranda Merron remettent le couvert sur la Transat Jacques Vabre après une première « Campagne » commune en 2013. Cette fois-ci, ils partent avec le petit dernier de la famille, conçu en 2016 par leur soin pour leur confort. Doyens de la course, Halvard et Miranda totalisent plus d’expérience, à eux deux, que tous les skippers de la Class40 réunis. La Franco-Britannique reste à ce jour, la seule femme à être montée sur la plus haute marche du podium de la Transat Jacques Vabre avec Emma Richards sur Pindar en 1999. Cette 3e édition fut d’ailleurs celle qui accueillit à son bord la gente féminine. Co-skipper d’Yves Parlier sur Aquitaine Innovation, Ellen MacArthur officialise le premier duo mixte de la Route du café.

Même histoire de famille, dans un genre un peu différent, pour Samantha Davies, associée à Tanguy de Lamotte sur Initiatives-Cœur. Pour sa 5e participation à la Transat Jacques Vabre, la jeune femme a choisi, ni plus ni moins, de courir contre le père de son fils Ruben, à savoir Romain Attanasio, skipper de Famille Mary – Etamine du Lys aux côtés d’Aurélien Ducroz. « Ruben ne parie pas sur un bateau ! Il sait que nous naviguons sur deux bateaux très différents. Il est en âge de comprendre, il vit la course au large depuis qu’il est né. Il est très heureux et fier. » Jamais aussi à l’aise que dans le gros temps (elle a adoré les 35 nœuds de vents liés au passage d’un front musclé lors de l’édition 2015), Sam est une vraie battante. Son duo avec Tanguy préfigure d’ailleurs le début d’un nouveau défi pour l’Anglaise puisqu’elle prendra officiellement la barre d’Initiatives-Cœur à la suite de la Transat Jacques Vabre.

Femmes de tête

Qu’elles soient professionnelles ou amateurs très éclairées, les femmes qui participent à cette Transat Jacques Vabre ont toutes leur mot à dire, certaines plus que d’autres eu égard à leur statut de skipper. C’est le cas d’Isabelle Joschke, associé à Pierre Brasseur sur Generali. Alain Gautier, team manager du projet Generali Voile 2017 et propriétaire du bateau n’a pas hésité une seule seconde à choisir Isabelle comme skipper : « Etre une femme n’est pas un handicap, même un petit gabarit comme elle. Nous avons juste adapté la taille des manivelles de winch à sa morphologie. En revanche, le fait de ne plus avoir de poulie mais des anneaux de friction demande plus d’effort : il nous faudra donc y réfléchir à l’avenir. » Pour pallier ce petit déficit physique, Isabelle a joué à fond la complémentarité physique avec son co-skipper Pierre Brasseur et son grand gabarit « Dans les personnes qui ne connaissent pas le 60 pieds, le seul que je pouvais imaginer embarquer, c’était Pierre. Ca m’a paru plus important de privilégier la cohésion à l’expérience du support. »

Moins médiatisée mais tout aussi volontaire, Catherine Pourre, la soixantaine dynamique, entame sa 3e Transat Jacques Vabre. Elle mène son Class40 Eärendil avec la même énergie et la même détermination que l’entreprise qu’elle dirige. Comme le souligne dans un sourire son co-skipper Benoît Hochart : « Catherine est une meneuse. Elle est courageuse et a une grande capacité d’adaptation. Avec elle pas de chichi, la vie à bord est facile. Depuis un an qu’on navigue ensemble, on a appris à se connaître. L’ambiance est bonne et nous sommes très complémentaires. Courir avec une femme ou un homme, pour moi c’est pareil. On met le rythme qu’on a envie de donner au bateau, quel que soit le coéquipier. »

Think positive !

Dernière arrivée dans le grand bain de la Transat Jacques Vabre, Justine Mettraux ne fait pourtant pas partie du bal des débutantes. La Suissesse a déjà une Volvo Ocean Race à son actif et a fini 7e de la Solitaire du Figaro 2017. Pour sa première course en double, elle a été choisie comme co-skipper par Bertrand Delesne sur Teamwork40 : « Les hommes ont vu qu’avoir une femme à bord pouvait être positif », se plaît-elle à répondre quand on l’interroge sur la mixité dans la course au large. Il est vrai que le talent n’a jamais été une affaire de testostérones.

 

Bon à savoir

En 13 éditions, la Transat Jacques Vabre a embarqué 37 femmes à son bord.

49 duos mixtes ont été constitués depuis la création.

C’est l’édition 2003 qui en a accueilli le plus (9).

Le premier duo mixte de l’histoire de la Transat Jacques Vabre fut celui constitué par Yves Parlier et Ellen MacArthur sur Aquitaine Innovation en 1999.

 

 

 

 

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