L'actualité de la course

"La Transat Jacques Vabre, c'est un truc d'aventurier"

Jérémie Mion, athlète sélectionné aux Jeux Olympiques en 470, vise une médaille à Tokyo dans quelques jours. Puis, il s’engagera sur la Transat Jacques Vabre Normandie Le Havre cet hiver aux côtés de Cédric Château. Cette année "deux en un" ne peut, selon lui, qu’être bénéfique pour sa performance.  

Avais-tu pris connaissance du report des Jeux d’une année avant de t’engager sur la Transat Jacques Vabre ? 
Je savais déjà que les Jeux allaient être reportés quand, en décembre dernier, Cédric m’a appelé pour me proposer ce défi fou de partir sur la Transat Jacques Vabre ensemble. Je me suis dit que ça allait être compliqué, puis j’ai fini par accepter. Quand une préparation olympique intense s’arrête ça fait toujours bizarre, et la période après les Jeux Olympiques de Rio était difficile, sans projet particulier. Cédric m’a dit « à la place de te payer une psy on va faire une Transat Jacques Vabre ». Avoir un tel projet de prévu après les JO permet de ne pas avoir de vide, et cela peut même aider à performer. Ça laisse une continuité, permet de relativiser sur l’évènement, on sait que la vie continue derrière : un projet comme celui-là c’est du pain béni ! 

Tu as beaucoup navigué au Havre, as-tu une relation particulière avec cette ville de départ de Transat Jacques Vabre ?  

Je suis originaire de région parisienne et j’ai commencé la voile sur un lac où ce n’était pas le sport national. En revanche, il y avait une classe sportive aménagée voile à Cergy. J’ai eu la chance, grâce à ce programme, de pouvoir naviguer quatre fois par semaines. Le Havre était le plan d’eau le plus proche pour s’entrainer, j’ai donc passé des week-ends entiers sur place à y faire des stages, un peu plus tard. Mon année de terminale s’est déroulée là-bas pour pouvoir concilier l’école et la voile. Au Havre, j’ai rencontré les personnes qui m’ont donné envie de sauter dans l’olympisme et de faire à fond ce que je fais aujourd’hui. 

Comment gères-tu ce double planning d’entrainement et de préparation sur deux disciplines qui diffèrent ?  

Ce n’est plus le moment de révolutionner la pratique de la voile, cela fait 4 ans qu’on navigue sur notre 470 et on sait comment le faire aller vite. Nous sommes dans une phase d’affutage.  J’ai été à Tokyo 3 fois, je connais le plan d’eau, même si on n'a jamais les mêmes conditions le jour J qu'en entraînement. Il va falloir garder l’envie et la motivation malgré une atmosphère particulière pour essayer d’être champion. Je me concentrerai sur la Jacques Vabre après, car une préparation olympique, c’est à plein temps ! Ma mission est donc de ramener une médaille, ça serait une vraie plus-value pour la Transat après. En septembre, on attaquera une course contre-la-montre.

Le 470 et la course au large sont deux disciplines différentes. Est-ce que tes connaissances se complètent ?  

Varier les supports reste quelque chose que j’aime faire. Mais c’est vrai que dans l'olympisme il y a plus de professionnels, plus de concurrence. De ma préparation aux Jeux je pourrai apporter mon expérience dans l’organisation et dans la gestion de projet pour le Class40. Le 470 est un bateau complexe avec beaucoup de détails que je pourrais utiliser en Class40, au niveau des réglages et de la navigation. Et physiquement, une préparation olympique c’est toujours du bonus ! En revanche, j’appréhende beaucoup la gestion du sommeil, la réaction qu’aura mon corps sur un effort d’une telle durée, et sur les manœuvres. C’est tout nouveau pour moi, je vais devoir acquérir les bons automatismes.  La Transat Jacques Vabre, ça reste un truc d'aventurier. 

 

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