L'actualité de la course

Message de la mer : Erik Nigon - Vers un Monde sans Sida (IMOCA)

Message de la mer : Erik Nigon - Vers un Monde sans Sida (IMOCA)

Et nous arrivons avec du soleil, certes il y a quelques grains à négocier mais le temps est beau et notre petit bord au large nous a permis de passer Recife sans souci.

A partir de la deuxième partie de nuit nous allons longer la côte et devrions la découvrir au fur et à mesure pendant 24h. Visiblement il doit se passer quelque chose au raz de la côte car tous les pros l'ont visiblement longée de près (ça doit être dans le road book de Port la Forêt) Peut-être qu'il y a des vendeurs de fruits de poissons et de caïpi qui laissent des bouées dériver pour les coureurs ? En tout cas il faudra être vigilants car tous les pêcheurs ne doivent pas avoir l'AIS et les bouées des filets doivent être dispersées partout ... 

Dans 36h nous devrions en avoir fini avec cette aventure (on essaye d'arriver à une heure correcte pour la France métropolitaine donc dans la matinée de Vendredi. Je profite de ce carnet pour remercier les 2 principaux partenaires sans lesquels le Voilier au Ruban Rouge aurait juste fait des ronds dans l'eau dans le bassin des chalutiers de la Rochelle.

Le message que je porte depuis 15 ans pour l'association AIDES (je vous embrasse tous, militantes et militants engagés chaque jour) a pu naviguer jusqu'à ces côtes de métissage et de diversité grâce au support d'une grande équipe qui au quotidien cherche et met à disposition des personnes concernées des traitements qui permettent aux séropositifs de vivre une vie "quasi" normale et de se protéger de l'infection pour les plus aventureux ou les travailleurs-ses du sexe (vive la PrEP!) non contaminés par le VIH. Gilead est le partenaire d'un projet qui porte les valeurs et l'engagement de la lutte contre le sida.

Je salue la sensibilité de Selectour à ce combat et lui offre en retour ce voyage passionnant de 19 jours qui nous aura vu passer par des endroits uniques ... Imaginez que chaque navire suit une route unique, que le sillage que nous avons tracé (voir la cartographie) est la signature originale de notre navire. En mer, pas de route bitumée ou de ligne de chemin de fer, nous creusons une voie d'eau et de sel qui se referme aussitôt et se disperse au gré des vagues ... Ni vu ni connu ! Le seul repère serait de tracer au fond des océans une ligne qui graverait sable, vase et rochers ... Mais bon on n'est pas là pour ça !

Je me disperse aussi ... Revenons à nos voyages, certes la destination est jolie mais ce qui compte c'est le voyage, ce sont ces 19 jours en contact parfois rugueux mais en symbiose obligatoire avec la nature (la vache, elle nous en a fait un peu voir quand même). Elle a le premier et le dernier mot, même si l'homme lui rend la vie parfois impossible. Le voyage c'est aussi engager totalement son corps et sa tête dans un espace différent et surtout changeant en permanence. Quand on voyage on planifie le plus possible avant et on improvise tout pendant. Nous avons eu notre lot d'aléas, de conneries ... et donc de casse et de bobos (et je ne parle pas des fesses qui grattent) mais on répare et ça repart ! Un peu sur une jambe et surtout ne me faites pas rire ça fait un mal de chien ces côtes qui se froissent et donnent de jolie couleur à mon dos.

Bref ce voyage et toutes ces destinations je les dois aussi à Selectour qui j'espère apprécie ce premier engagement de sponsoring (j'espère que votre premier critère n'est pas le classement de cette course :-() et l'objectif de finir pour conforter ma qualification pour le Vendée Globe est en bonne voie. Ce n'est pas encore fini et nous n'avons pas dit notre dernier mot, attention devant, on arrive !

Et merci à vous tous avec qui je partage ces lignes. Elles comptent autant que la performance absolue car ce sont ces liens qui unissent les êtres humains et en font une communauté qui se rassemble autour d'un sujet ou d'un projet et permet de rendre notre monde plus mieux (la fin des phrases remet leur tonalité à leur vraie place quand on devient sentencieux, non mais !) 

Je vous embrasse de mon siège penché, sur mon bateau penché, sur une mer qui penche au Sud 

Erik

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