L'actualité de la course

Message de la mer :    Halvard Mabire Campagne de France (IMOCA)

Message de la mer : Halvard Mabire Campagne de France (IMOCA)

Nous avons passé les Canaries cette nuit.

Pas si simple. Beaucoup d'empannages (virements de bords vent arrière) selon les variations du vent. Pour ceux qui suivent la cartographie de la Transat Jacques Vabre Normandie Le Havre, ils doivent croire qu'il y a des distilleries géantes aux Canaries et que les effluves d'alcool qui s'échappent arrivent jusqu'aux narines des skippers et que c'est la seule explication plausible aux routes sinueuses et erratiques de tous les bateaux ivres qui se baladent autour de l'Archipel.

Je trouve ça bien comme explication. On ne va pas vous embêter stratégie, tactique et météo, car finalement tout cela est éventuellement passionnant à suivre ou à vivre, mais finalement il n'y aura que le résultat à Salvador qui comptera. Pour l'Histoire, le résultat des courses c'est un peu comme le Bac, on te demande si tu l'as eu ou pas et on se fiche de savoir comment.

Éventuellement certains peuvent s'aventurer à parler stratégie et à supputer sur telle ou telle option pour faire croire à la glorieuse incertitude du sport. Par exemple, entre les deux grandes options qui se sont dessinées au début de cette transat, on pouvait faire croire pendant des jours qu'il y avait du suspens entre l'Ouest et le Sud, alors qu'un simple regard sur les cartes météo laissait entrevoir assez clairement au bout de 2 jours que les tenants de l'option ouest allaient très probablement prendre cher par rapport à ceux qui se sont souvenu à temps que Salvador c'était quand même grosso modo dans le Sud.

De même, au sujet des classements, en se référant à la simple et seule distance au but, sans tenir compte des vents et des positionnements, on annonce doctement des résultats que l'on sait pourtant bidon. Mais, peut-être que l'on se dit aussi que ça fera bien "pour le sport" de voir un bateau apparemment revenu du diable vauvert faire la nique à un paquet annoncé depuis plusieurs jours en tête, car bien plus proche du but sur une ligne droite "virtuelle", mais dont la route à parcourir en fonction des vents sera obligatoirement bien plus longue que celle du bateau "derrière". Donc le choix du commentateur n'est pas simple : ne pas se casser la tête et se référer aux classements indiqués par la distance au but, ou bien essayer de faire une vraie analyse, mais qui sera forcément complexe car ce n'est jamais simple d'expliquer que quelqu'un qui est effectivement "derrière" est en fait mieux placé et est par conséquent "devant". Analyse savante, dont peut-être en plus tout le monde se fiche, car comme on dit assez vulgairement "c'est après la foire que l'on compte les bouses".

Une seule chose est sûre en tous cas, c'est que bien souvent il vaut quand même mieux être "devant" que "derrière". Entre autres par ce que tout ce qui est pris n'est plus à prendre et aussi parce que là où sont passés les premiers avec des vents assez soutenus, il arrive un peu trop fréquemment qu'ils ferment la barrière derrière eux et ne laissent que des miettes de vent aux poursuivants. C'est un peu ce que nous vivons en ce moment. Comme quoi, en général, dans les courses c'est comme à la Retraite de Russie, il vaut mieux être devant, car ce sont ceux de derrière qui se sont fait repasser, c'est à dire ratatiner.

A part ça, si les classements et les vitesses constatées des autres bateaux ne venaient pas gâcher les choses, le moins que l'on puisse dire c'est que pour le moment nous vivons vraiment une belle transat.

Les conditions sont assez clémentes et depuis que le ciel s'est un peu dégagé nous profitons en journée de températures qui ne sont pas encore caniculaires et pendant la nuit la beauté des étoiles nous rappelle que les citadins, et maintenant les "néo ruraux" aussi, feraient bien de se passer de lampadaire. En plus d'être "bon pour le Climat", plus terre à terre, ça ferait des économies et ça aiderait tout un chacun à se restituer dans l'Univers.

La Lune commence aussi à apparaître. C'est un truc dont ne tiennent d'ailleurs jamais compte les organisateurs de courses pour le choix dans la date (ce n'est pas une contrepèterie) de leurs événements. Pourtant pour les marins ça change tout une nuit avec ou sans lune.

En ce moment la lune est croissante, c'est à dire que nous l'aurons de plus en plus longtemps et de plus en plus entière. Donc, que des bonnes nouvelles sur Campagne de France.

A tantôt

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