L'actualité de la course

Message de la mer : Stephane Le Diraison - Time For Oceans (IMOCA)

Message de la mer : Stephane Le Diraison - Time For Oceans (IMOCA)

La tête en bas
Le passage de l'équateur est toujours un moment fort pour les marins, souvent salué par des rituels, hommages ou offrandes aux dieux de la mer. François s'en sort bien, pour son premier franchissement de l'équateur, pas de bizutage. Neptune s'en est mêlé, voyant que nous ne respections pas les traditions il nous a envoyé un grain dantesque, bateau couché sur l'eau, pluie diluvienne... Ça nous apprendra !
Ce passage symbolique de l'hémisphère nord vers l'hémisphère sud a des conséquences qui sont bien réelles : les systèmes météorologiques sont inversés. En coupant cet axe imaginaire à 10 heures 27 minutes et 12 secondes, le sens de rotation des dépressions et des anticyclones se sont inversés. La belle affaire, et alors ? Nous passons des heures tous les jours à analyser la météo, anticiper notre trajectoire et soudainement il faut réfléchir "à l'envers" !
Tout cela n'est pas exactement la vérité : l'équateur météorologique n'est pas situé sur l'équateur géographique mais ne compliquons pas, nous avons déjà des nœuds dans le cerveau.
Le Pot-au-noir a été fidèle à sa réputation, un bon millésime, en fins gourmets nous avons apprécié ! Je devrais même dire que nous avons savouré : les orages, les zones de calme interminables avec une mer désorganisée, le courant contraire (!). Nous nous sommes plutôt bien sortis de cette grande loterie, obsédés chaque instant par l'objectif de sortir de cette zone, cap au sud. Lors du tout premier grain, François, sans doute perturbé par les éclairs rageurs qui déchiraient le ciel, s'est coincé le doigt dans un winch. Est-ce-que cela aurait pu arriver en d'autres circonstances ? Sans aucun doute, un bateau de course est une machine dangereuse – mais tout de même le Pot-au-noir nous envoyait un message : ici on est juste tolérés. La prochaine "marque de parcours" est l'île Fernando de Noronha. Avec un peu de chance nous passerons à proximité et nous pourrons admirer ce joyau de nature.
En attendant nous avons repris la vie penchée, le bateau tape dans les vagues, les embruns salés balaient le pont et nous sommes heureux d'être là, cap sur le Brésil : Salvador nous voilà !
 

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