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Corps abîmés à réparer

Corps abîmés à réparer

Fanny Viviès, ostéopathe spécialisée dans la course au large depuis 4 ans, accueille dans son cabinet au Terminal Nautico de Bahia au PC course de la Transat Jacques Vabre Normandie Le Havre, les skippers qui ont la plupart du temps mis leur corps et leur mental dans le rouge… « J’appelle ça le syndrome de Lucky Luke : épaules voûtées et psoas bourré de de toxines, il faut libérer toutes les tensions accumulées ».

En mer, le corps doit s’adapter au mouvement perpétuel du bateau, c’est ce que l’on appelle la proprioception. Beaucoup de symptômes en découlent. « Le corps dépense 800 calories rien qu’en gestion inconsciente du mouvement du bateau. A chaque impact, on peut au bout d’un certain moment créer de véritables blocages. A cela, on ajoute du stress, un manque de sommeil, une nourriture qui manque de variété donc des problèmes digestifs. » explique Fanny. Sur un petit bateau comme le Class40, il y a moins d’inertie, les mouvements sont permanents et les chocs plus rapides qu’en IMOCA. Mais pour les bateaux à foils, la décélération peut engendrer de véritables traumatismes… « De plus en plus, les skippers se préparent avant de partir. Il vaut mieux prévenir que guérir comme on dit. Un stress où un petit mal peut s’aggraver et devenir pénalisant une fois en mer. » ajoute Fanny Viviès, qui était présente avant le départ du Havre.

Base du crâne, trapèzes, lombaires, entorses, les maux des marins varient aussi en fonction du support sur lequel ils naviguent. « Il y a des différences entre ceux qui sont en Multi50 dont le stress est permanent et créé des blocages, et ceux qui barrent beaucoup et subissent l’humidité en Class40 » souligne l’ostéopathe. Sans compter un manque d’échauffement avant les manœuvres et une ergonomie des cockpits et des intérieurs qui bien souvent passent après le côté technique au moment de la conception des bateaux, on comprend mieux dans quel état peuvent revenir les coureurs après 10, 15 voire 20 jours de course effrénée à travers l’Atlantique.

« Les organes travaillent beaucoup pendant un sommeil normal. Par exemple le foie monte à plus de 40° vers 3h du matin pour larguer les toxines. Avec leur tranche de sommeil d’1h, le corps des skippers garde tout et devient très acide. Et plus ton corps est acide, plus le risque de blessure est grand. » raconte l’ostéopathe qui apporte un regard humain à ce milieu très technique.

Ce matin, on a croisé Thibaut-Vauchel Camus (Solidaires en Peloton – ARSEP) qui se dirigeait vers le cabinet d’ostéopathie. Chez Fanny, le ballet va commencer et son carnet de rendez-vous se remplir à vitesse grand V. La course pour elle, peut commencer, après un bon départ au Havre !  

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