L'actualité de la course

Message de la mer : Halvard Mabire – Campagne de France (IMOCA)

Message de la mer : Halvard Mabire – Campagne de France (IMOCA)

Bonjour Amérique du Sud
Depuis que nous nous sommes installés sur ce long bord bâbord amure pour descendre vers Salvador au moment de toucher les alizés de sud-est, à la sortie du Pot-au-noir, il ne se passe pas grand chose. Avant la latitude de Recife nous avions quelques grains pour pimenter un peu le quotidien, mais une fois passé la corne du Brésil, la molle s'installe petit à petit pour nous et nous n'aurons pas une dernière ligne droite aussi rapide que ceux qui nous ont précédés.
C'est ça qui est bien en mer, on peut passer au même endroit avec quelques heures d'intervalles et le paysage change complètement. Pas la même mer, pas le même vent, jamais les mêmes vagues, pas la même histoire. Pas comme à terre quand on prend toujours la même route et que les seuls changements constatés ne sont dus qu'à l'intervention de l'homme, car la nature ne change pas, sauf à être un peu plus
grignotée chaque jour. Ainsi remarque-t-on un nouveau feux rouge qui ne sert pas à grand chose pour ne pas dire à rien, un nouveau rond-point, enfin fini, et qui a mis aussi longtemps à être aménagé qu'il a couté un saladier à la collectivité et goinfré certains, des travaux qui ont commencé et que l'on ne sait pas quand ils finiront, un nouveau pavillon d'habitation, qui sera forcément peinturluré avec l'affreux beigeasse moche, mais réglementaire, appelé "ton pierre" par l'Administration française, histoire que ça jure bien dans le paysage (ils n'ont jamais vu un caillou ceux-ci...).
Nous commençons à voir la côte. Depuis l'avènement du GPS, l'excitation de la Terre apparaissant sur l'horizon s'est un peu estompée. En effet, sachant en permanence où nous sommes, il n'y a plus la surprise de voir apparaitre la terre où nous pensions qu'elle allait effectivement surgir. Lorsque nous étions dépendants uniquement de l'observation des astres pour naviguer, le doute hantait toujours un peu le navigateur : n'aurait-il pas fait une bête erreur de calcul qui aurait pu lui faire rater l'Amérique?
N'empêche, voir apparaître un nouveau continent après avoir quitté notre vieille Europe et traversé un Océan à la Voile, c'est toujours un peu émouvant quand même. On ne va pas faire les blasés.
A l'approche de la côte brésilienne nous commençons à voir un peu d'activité maritime. Pas mal de cargos ou tankers cabotant le long de la côte brésilienne et entrant ou sortant des quelques terminaux pétroliers ou containers du littoral. Les bateaux de pêche se sera probablement pour cette nuit. Notre possible dernière nuit en course, ne sera donc pas une nuit "au Large", rien que pour nous. Fini la tranquillité. Il faudra faire une veille
attentive. D'autant que probablement très peu de bateaux locaux sont dotés de l'AIS, et nous savons aussi que beaucoup ignorent de surcroit l'usage des feux de navigation. De plus les bateaux en bois ont un moins bon signalement radar et nous les voyons beaucoup moins bien que des navires en ferraille qui rouillent.
Heureusement la Lune est avec nous. Une pleine Lune magnifique. Ils ne savent
pas ce qu'ils ratent tous ceux qui sont arrivés trop tôt pour en profiter.
A bientôt

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