L'actualité de la course

Manœuvres : à deux c’est mieux !

Manœuvres : à deux c’est mieux !

« On a peu dormi et beaucoup manœuvré depuis le départ » racontait ce midi Armel Tripon, skipper du Multi 50 Réauté Chocolat. Sur la Transat Jacques Vabre, quel que soit le bateau, les duos naviguent ensemble pour le meilleur et pour le pire. Et le pire, ce sont bien souvent les manœuvres de changements de voiles dans le gros temps, les virements de bord et empannages où le physique des marins est mis à rude épreuve. 

La mer est un champ de mines. Le vent souffle en rafales à plus de 45 nœuds, la pluie et les embruns giflent les visages, il fait nuit noire et le cockpit est un bain bouillonnant. Voilà le front. Et avec lui, un changement de direction du vent. Il va falloir virer de bord. « L’anticipation est primordiale. Souvent, comme les pilotes d’avion de voltige, on mime avec nos mains, on se refait le scénario avant d’y aller » expliquait Tanguy de Lamotte, skipper d’Initiatives Cœur (Imoca) quelques jours avant le départ du Havre.

Avant de virer, il faut d’abord matosser. Comprenez que tous les sacs, les vivres, les bouteilles d’eau et les voiles doivent être changées de côté. Un travail de titan : en Imoca, c’est 500 kg de matériel à déplacer d’un bord sur l’autre… à quatre pattes dans le fond du bateau. En multicoque, le matossage se fait en longitudinal, de l’arrière jusqu’au puits de dérive. Les skippers matossent également les voiles sur le pont dans des conditions parfois extrêmes. Alors à deux, c’est forcément mieux !

Au moulin à café !

« Toutes les manœuvres se font à deux. C’est plus rapide et moins dangereux. On se réveille pour aller manœuvrer sur le pont. » racontait au Havre Thierry Bouchard, skipper de Ciela Village (Mulit50). Bascule de quille ou manœuvre de foils, choqué de grand-voile et de voile d’avant, puis reprise des écoutes une fois le bateau passé dans le lit du vent… l’air de rien un changement d’amure requiert une parfaite maîtrise et une excellente forme physique. C’est tout l’intérêt des entraînements avant le départ et des séances de musculation. « On a nos automatismes » confiait Kito de Pavant. Le skipper de l’Imoca Bastide Otio a d’ailleurs confirmé à la vacation de midi qu’avec Yannick Bestaven, ils n’avaient quasiment pas dormi depuis le départ tellement les changements de voile ont été nombreux.

A bord de Sodebo, tout est réglé comme du papier à musique. Armés de casques avec micro intégré, Thomas Coville et Jean-Luc Nélias communiquent en permanence. « On se parle avant et pendant chaque manœuvre. Dès que l’on fait quelque chose, on le dit, comme des pilotes d’avion répètent leur action » soulignait Thomas au Havre lors d’une visite du bateau.

De l’avis de tous les marins quel que soit la monture, la manœuvre d’empannage est la plus longue et la plus difficile. Alan Roura, skipper de l’Imoca La Fabrique le confirme : « Il y a le spi qu’il faut affaler puis renvoyer. C’est ultra physique. Il faut des bras et des cuisses pour tenir en équilibre quand il y a de la mer ».

On comprend alors que le choix du co-skipper n’est pas anodin sur cette course de vitesse qu’est la Transat Jacques Vabre. « J’ai une confiance totale en Thomas (Rouxel). Je peux dormir sur mes deux oreilles quand il est de quart. Nous avons les mêmes compétences. » confiait Sébastien Josse, skipper de Maxi Edmond de Rothschild. Et Alex Pella, co-skipper d’Arkema d’ajouter : « On est sur la même façon de fonctionner. Il faut être en phase entre nous et le bateau. Comme un match de rugby, parfois il faut attaquer ou défendre. » Un bon binôme est sans doute le secret pour performer…

 

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