L'actualité de la course

Ciel mon ordi !

Ciel mon ordi !

On le sait, sur la Transat Jacques Vabre, le routage est autorisé pour les multicoques (Ultime et Multi50) mais pas pour les monocoques (Imoca et Class40). Pourquoi ? Parce qu’à haute vitesse sur un trimaran, les skippers n’ont pas la possibilité de passer du temps à la table à cartes, une vigilance de tous les instants s’impose et le risque de chavirage existe. En monocoque, les skippers récupèrent les fichiers météo et font leur analyse eux-mêmes. La navigation est bien le nerf de la guerre sur ce sprint à travers l’Atlantique. Explications.

Le routage, comment ça se passe à terre ?

« C’est un travail d’analyse et de surveillance de tous les instants » raconte Christian Dumard, un sorcier de la météo bien connu et apprécié des coureurs au large, comme Jean-Yves Bernot (routeur sur Maxi Edmond de Rothschild et FenêtréA – Mix Buffet). En relation avec Sodebo Ultim’ et Réauté Chocolat, Christian vit à 200% la course à terre. « Je reçois deux fichiers grib par jour à 8h15 et 20h15 et je vais chercher des informations supplémentaires selon où les bateaux se trouvent, puis j’analyse la situation, et je leur envoie. Je reste connecté H24, et me lève au minimum une fois dans la nuit ». A bord de Sodebo Ultim’, Jean-Luc Nélias qui avait routé Thomas Coville lors de son record en solo autour du globe, fait ensuite sa propose analyse. Le lascar connaît bien la musique. « J’ai en permanence la vitesse, le cap, les voiles utilisées sur mon ordi, c’est un peu comme si j’étais avec eux, mais rien ne remplace la vision du navigateur en mer » ajoute Christian Dumard. Au moment de notre appel, le routeur venait juste d’échanger avec Armel Tripon sur Réauté Chocolat. Il nous a chuchoté qu’ils allaient empanner cette après-midi !

Rien de mieux qu’un coureur pour routeur

Xavier Macaire et Pierre Quiroga sont deux Figaristes talentueux. Le premier est routeur du Multi50 Ciela Village, le deuxième sur le Multi50 Drekan. « Fichiers grib, de houle, cartes satellite, pendant deux heures matin et soir j’analyse et je leur propose. Ce sont des indications. » raconte Xavier. Mais comment prévoient-ils leur heure d’empannage ? « Il n’y a pas de timing précis en fait. On sait à peu près quand le vent tourne, mais on ne connait pas parfaitement l’état du bateau et des bonshommes. » ajoute le champion de France de course au large en solitaire 2015. L’échange par téléphone est donc primordial. « On s’appelle souvent dans la journée, voire la nuit, j’ai mon téléphone en permanence » explique Xavier. Même chose pour le jeune Pierre Quiroga qui découvre son rôle : « Habituellement skipper en Figaro c'est la première fois que je passe du côté terre de la navigation ! J'envoie 1 mail par jour au bateau entre 9 et 9h15 contenant les infos météo pour les 24h à suivre. Je viens de les avoir au téléphone, leur voix est bonne malgré le début de course difficile. »

En monocoque : bienvenue au bureau !

Les Imoca et Class40 reçoivent les mêmes fichiers que les routeurs à terre mais ce sont à eux de faire leur sauce. « L’important c’est la direction et l’intensité du vent. Ensuite, il faut extrapoler et faire que le bateau et la masse d’air ne fasse qu’un. Les skippers sentent énormément de choses et sont capable d’anticiper ce qui va se passer » souligne Gwen Gbick, coach de Bastide Otio. La météo est le nerf de la guerre autant que les manœuvres et les réglages. Les marins vivent avec les systèmes dans leur tête, « Ca leur prend la tête jusqu’à la ligne d’arrivée ! » confie Gwen. Isabelle Joschke à bord de Generali racontait ce midi qu'avec Pierre Brasseur, tous deux passaient 1H30 matin et soir à la tables à cartes pour réfléchir à leur manœuvre à venir. En visitant un Imoca ou un Class40 vous comprenez vite que cet endroit est comme le poste de pilotage d’un avion… les boutons en moins.

Le flair du marin ajoute un plus qu’il soit routé ou non. « Tu lis dans le ciel la météo que tu as vue dans les fichiers, il n’y a pas une bascule de vent qui ne soit pas marquée là-haut. J’aime naviguer comme ça. Regarder les flèches de vent sur un ordi, ce n’est pas une fin en soi, cela ne m’intéresse pas. Il y a des signes extérieurs, et ils ne trompent pas ! » confiait Vincent Riou avant le départ du Havre.

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