L'actualité de la course

La course vue de l’arrière

La course vue de l’arrière

De l’Ultime Prince de Bretagne, en approche de la ligne d’arrivée, à Esprit Scout qui ne devrait plus tarder à repartir de La Palma aux Canaries, il y a 2 500 milles ! A l’heure où les arrivées résonnent comme une fête dans la baie de Tous les Saints, la vie se passe au jour le jour pour les duos en mer dont la compétition manque parfois de sel. Des amateurs en Class40 comme les Brésiliens Leonardo et José, aux tandems de Gustave Roussy ou de Gras Savoye Berge Simon Obportus, en passant par les skippers des Imoca d’ancienne génération, chacun sa route, chacun son chemin. Mais de l’avis de tous, naviguer en double a du bon pour garder l’esprit combatif…

Ils savent dès le départ du Havre que la Transat Jacques Vabre aura un autre visage. « Ils », ce sont les amateurs qui n’ont pas pu se préparer aussi bien que les pros, mais aussi les pros qui n’ont pas le bateau de toute dernière génération. Bref, si les favoris alimentent les pronostics, les autres sont venus pour se frotter aux meilleurs, créer la surprise, vivre une aventure un peu spéciale à deux…

Arriver de l’autre côté certes, mais en mode course !

« Si j’avais voulu juste arriver de l’autre côté, j’y serai allé en croisière avec de quoi cuisiner ! » confiait Philippe Burger la veille du départ. Tous les concurrents de la Transat Jacques Vabre sont bel et bien des compétiteurs. Aujourd’hui en mer, Philippe et Olivier sur leur Class40 naviguent en 10e position à 544 milles du premier Imerys Clean Energy. Une option ouest assez extrême les placent loin leurs concurrents mais peu importe, à deux on se serre les coudes et on reste entièrement concentrés : « On ne pense pas trop à l’arrivée, on vit au jour le jour, on ne fait pas de plan sur la comète. On a le Pot au noir à passer et on va bien le préparer. On regarde chaque position. Les concurrents devant sont un peu inaccessibles pour nous, c’est un match-racing avec Gustave Roussy. » Les deux lascars ne se laissent pas abattre, hier ils envoyaient une vidéo d’un cassoulet partagé. La vie à deux a du bon. A bord de Gustave Roussy, le moral est au beau fixe : « On reste derrière mais toujours très concentrés. » Pour ces derniers Class40, pas de régate au contact, mais une lecture attentive des classements et des réglages fins !

Fins connaisseurs sur bateaux âgés

Yoann Richomme, champion de France de course au large en solitaire 2016 est le skipper de Vivo A Beira (Imoca), un Imoca lancé en 2004. « On ne pas rivaliser avec les bateaux de tête, mais on a bien navigué, j’ai travaillé les trajectoires jusqu’à présent. » Avec Pierre Lacaze, néophyte de la course au large, Yoann veut ne rien regretter et naviguer propre. « On fait de la régate, on s’organise, on bosse exactement comme les bateaux de devant ! » confiait ce midi Yoann à la vacation alors que Vivo a Beira navigue au coude au coude avec La Fabrique ! Romain Attanasio sur son Famille Mary – Etamine du Lys de 1998 « au fond du bus » de la flotte Imoca, devance de quelques milles les premiers Class40 de toute dernière génération. « Je sais que je ne gagnerai pas la Transat Jacques Vabre, mais c’est un beau projet que d’emmener Aurélien (Ducroz), double champion de freeride, avec lequel je m’entends bien. » Chacun son objectif, pourvu que l’ivresse de la compétition soit bien là. Arnaud Boissières et Manuel Cousin (La Mie Câline-Artipôle) bataillent dans un groupe de 4 bateaux à l’approche du Pot au Noir. « Nous sommes parfaitement dans le rythme avec Manu, je suis content qu’il prenne en main son futur bateau. » envoyait Cali dans un message du bord hier.

Depuis que les deux premiers Ultimes sont amarrés au ponton de Salvador de Bahia, l’arrivée commencent à effleurer les esprits des équipages pourtant loin du but. « On y pense forcément, mais le plaisir de régater en mer prend le dessus » soulignait ce midi Christophe Rateau (Gustave Roussy) à la vacation. Un large sourire s’entendait par iridium… 

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