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Le film de la course :   St Michel-Virbac, l'apparente facilité

Le film de la course : St Michel-Virbac, l'apparente facilité

Favoris au départ du Havre, Jean-Pierre Dick et Yann Eliès ont pris la tête à la sortie de la Manche pour ne jamais la lâcher. Leur trajectoire est un modèle du genre : inspirée mais sans excès, en rythme avec les enchaînements météo, tout en contrôle depuis l’approche du Pot au noir.  Si derrière, juste derrière souvent, SMA n’a pas relâché la pression, St Michel-Virbac n’ a jamais ouvert la brèche dans laquelle Paul Meilhat et Gwénolé Gahinet auraient pu s’engouffrer.  Le petit supplément de vitesse du foiler a fait le reste. Mais attention, la maîtrise apparente du tandem Jean-Pierre Dick-Yann Eliès est trompeuse : Cette 13ème Transat Jacques Vabre a été acquise de haute lutte en Imoca. Récit en trois temps.

1- Mettre la pression :

 

Timing parfait sur la ligne, St Michel-Virbac  prend le meilleur départ au Havre le 5 novembre. Mais il n’est pas seul et rapidement à l’approche du Cotentin, tous ceux qu’on attendait sont là, s’échangeant la première place au fil des classements : SMA bien sûr mais aussi Des Voiles et Vous ! et Malizia II. Le premier test d’observation au cap de la Hague est significatif. Alors que Des Voiles et vous ! et Bureau Vallée 2 passent prudemment dans le nord de l’île d‘Aurigny, St Michel-Virbac plonge le premier dans la marmite du raz Blanchard et prend l’avantage. Le lendemain à la sortie du chenal du Fromveur, sous l’île d’Ouessant, Jean-Pierre Dick et Yann Eliès se décalent un peu au Nord de la flotte et foncent au reaching, faisant parler la vitesse de leur foiler. Premiers au front, premiers servis. Ils virent en tête avec 7 milles d’avance. Cinq bateaux se tiennent encore en 10 milles, la bataille est intense. Difficile d’imaginer dans ces conditions que jamais plus St Michel-Virbac n’abandonnera la tête.

 

 

2 – Ne rien lâcher :

Derrière le front, dans un vent grincheux de Nord-Ouest et une mer confuse, Dick et Eliès de mettent du charbon. Jean-Pierre avoue ne pas arriver à dormir dans ces conditions. Mais il a trop d’expérience avec Yann pour ne pas savoir que c’est ici, maintenant qu’il faut enfoncer le clou. C’est l’allure reine des foilers et l’avance passe à 30 milles pour rester stable plusieurs jours. Le 8 novembre, les Imoca récupèrent l’alizé de Nord–Est. Les spis remplacent les gennakers et deux questions se posent : SMA a -il mangé son pain noir ?  Va-t-il mieux glisser dans ces conditions favorables aux bateaux sans foil ? La trajectoire de Des Voiles et Vous ! plus loffée est-elle tactique ou Morgan Lagravière et Eric Péron ont-ils perdu leur grand spi ?

Les jours suivants, le scénario commence à se dessiner plus clairement. Des Voiles et Vous ! est allé s’enfermer dans l’Est et aura du mal à revenir vers le point d’entrée du Pot au noir. SMA continue d’accuser un léger déficit de vitesse. Le 10, son retard est de 50 milles.

Une chose est sûre, St Michel Virbac, qui n’a rien communiqué sur son jeu de voiles, reste très à l’aise en glisse pure. Les longues heures d’entraînements et de développement se font sentir.

 

3- Contrôler.

Le 13 novembre, la bataille d’empannages commence pour aller chercher l’entrée du Pot au noir. SMA attend souvent que le classement soit tombé et que les bateaux naviguent quatre heures à l’aveugle pour déclencher ses empannages…  Mais rien n’y fait, St Michel-Virbac contrôle, quitte à multiplier les connexions internet sur le site de la course pour vérifier la trace de son concurrent* ! On ne le sait pas encore à ce moment, mais le grand spi du bateau orange et bleu vient d'exploser. Le Pot au noir s'annonce tendu. A l’ entrée, Dick et Eliès buttent les premiers dans les nuages et voient SMA reprendre 20 milles. Le doute s’installe quelques heures mais l’élastique fonctionne et expulse St Michel-Virbac le premier. Après, c’est bien connu, l’alizé de Sud-Est ne prête qu’aux riches. Jean Pierre Dick et Yann Eliès touchent toujours l’adonnante et la pression supplémentaire les premiers. Ils contrôlent et creusent. De 60, l’avance passe à 100 milles, 120 même à l’atterrissage sur Recife.

 

Le 18 novembre à 21 heures, 11 minutes et 46 secondes, St Michel-Virbac coupe la ligne d’arrivée, alors que SMA est encore à 70milles de l’entrée de la Baie de tous les Saints. Jean-Pierre Dick et Yann Eliès établissent  un nouveau temps de référence sur le parcours Le Havre-Salvador de Bahia : 13 jours, 7 heures, 36 minutes et 46 secondes.

 

 

* Elle est rafraichie toutes les heures.

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