L'actualité de la course

Avec les ETA, on peut s’estimer heureux !

Avec les ETA, on peut s’estimer heureux !

Derrière l’acronyme ETA (Estimated Time Arrival), se cache un travail d’anticipation qui mêle technologie moderne et expérience. Sauf qu’ à l’entrée de la Baie de tous les saints où le vent joue souvent la fille de l’air, les minutes se transforment parfois en heures creuses. Une incertitude plutôt amusante à l’heure du « tout maîtrisé » qui met sur les dents organisateurs et journalistes.

« Les ETA, on commence à y penser lorsqu’on réserve les billets d’avion et les chambres d’hôtel pour l’arrivée ! » explique Gildas Gautier organisateur de la Transat Jacques Vabre à quelques heures du sacre de Jean Pierre Dick et Yann Eliès. Avoir en tête les temps records de l’épreuve, les amender par l’évolution technologique des bateaux, voilà donc le premier travail pour baliser le terrain d’une course au large et être à l’heure des concurrents à l’arrivée.

Une fois tout le monde sur place, la direction de course prend les choses en main. Sur le logiciel Adrena, Sylvie Viant et Francis Le Goff, multiplient les routages à l’approche des bateaux pour affiner le timing. « Pour les Imoca, on a par exemple récupéré la polaire de vitesse de Virbac Paprec 3, l’ancien bateau de Jean-Pierre Dick. Toute la première partie de la course, on utilise les performances réelles des nouveaux bateaux pour la mettre à jour » explique Sylvie. Francis d’ajouter : « On travaille avec les fichiers C.E.P* de Richard Silvani, Météo France, et à trois jours de l’arrivée, on sait à quelques heures près le timing d’arrivée sur Salvador de Bahia. Mais après ça se complique. Nous n’avons pas de fichier à maille fine pour la zone d’arrivée. Entre le vent qui peut complètement tomber et les capacités d’accélération des multicoques, il y a de quoi se faire piéger ».

Ainsi avant-hier, Réauté Chocolat était attendu à 4 heures du matin ; il a coupé la ligne à 9 heures ! Le protocole était bien en place. Journalistes et photographes en ont été pour leurs frais, une nuit blanche ! « A H-3 explique Gildas Gautier, nous sommes prévenus par la direction de course et nous appelons la direction media et la direction technique. Teams, partenaires et medias sont prévenus à H -2. Bahia est une grande ville et il faut un peu de marge pour que tout soit en place sur le ponton. Les zodiacs pour la production d’images video et photo, la bouteille de champagne, le cordon de sécurité et même le cuistot qui prépare un plat chaud pour les skippers. On n’a pas le droit de se rater ! »

Dans ce domaine, Jean-Marie Liot le photographe de la course a une anecdote savoureuse. « En 2013, les MOD 70 ont sacrément accéléré sur la fin. A l’atterrissage sur le tarmac d’Itajaï, je rallume mon téléphone dans l’avion et j’apprends qu’ils rentrent dans la baie. On a foncé en taxi au port, sans aller chercher nos bagages. On a embarqué sur le zodiac en pantalon et chaussures de ville. Heureusement j’avais en bagage accompagné mon matériel photo de base. C’était vraiment moins une ! »

De son côté, Sylvie Viant s’amuse de l’évolution technologique. « Je me souviens de la première course de l’Europe avec Gérard Petitpas en 1985. On n’avait que les balises Argos avec une position toutes les quatre heures quand ça marchait. Et pas de téléphone portable ! J’ai passé des nuits dans le phare de Cascaïs avec VHF en bandoulière pour veiller les bateaux, ou toute seule dans le fort à l’entrée de la baie de Carthagène, c’était cocasse. Aujourd’hui, on est beaucoup plus précis mais l’exigence médiatique est montée d’ un cran.  Alors on prend de la marge. Je préfère toujours réveiller les journalistes un peu plus tôt et les voir ronchons au PC que de rater le coche ! »

 

* C.E.P : Centre Européen de la Prévision.

Partager