L'actualité de la course
Les premiers mots de Thomas Ruyant & Antoine Koch (Advens for Cyberscurity)
Thomas : C’est ce qui s’appelle une belle transat ! Avec Antoine on a pris beaucoup de plaisir notamment le dernier jour à batailler avec 11th Hour Racing. Une transat pleine de rebondissements avec des hauts, des bas.. Des bas au début puis beaucoup de hauts au fur et à mesure que l’on arrivait à remonter la flotte. On a pris beaucoup de plaisir avec ce joli bateau, c’était un peu notre premier test en course et en confrontation. Ce ne sont pas des bateaux faciles mais avoir Antoine qui est un excellent compagnon de route, un excellent technicien, un excellent régleur, c’était génial. Ça prouve que je ne me suis pas trompé dans le choix de la personne pour m’accompagner dans mon parcours vers le prochain Vendée Globe. Le choix était important, c’est une course importante et j’ai énormément appris sur cette transat grâce à Antoine.
Antoine : C’était super de naviguer avec Thomas, on n’avait pas trop de doute mais on n’avait jamais navigué au large ensemble. C’est un super marin, il aime ça tout simplement donc je crois que c’est la base de tout. Pour faire le Vendée, faut avoir envie d’aller passer 70 jours en solitaire sur un bateau hyper exigeant. Le niveau d’engagement est vraiment permanent parce que même dans des conditions de vent medium, il suffit que l’on augmente un peu l’incidence du foil et le bateau peut aller à 30 nœuds donc il n’y a pas un moment de repos comme sur les bateaux de l’ancienne génération, où dans le médium on pouvait se reposer un peu. Là, il y a toujours un bouton sur lequel on peut toucher et le bateau redémarre. C’est aussi ce qui nous permis de remonter et de traverser des moments où il n’y avait pas trop d’air, peut-être plus facilement que d’autres et par contre en solo, ça va être une vraie mission pour ceux qui vont s’affronter à ce problème là l’an prochain pendant 70 jours.
Thomas : On a été obligé de s’arrêter pour un problème de vérin de pilote. On savait que si on continuait on ne pourrait pas traverser comme ça. On sait que ce ne sont pas des bateaux qui ne sont pas barrables, pas aux vitesses auxquelles on va. On a essayé de faire vite donc on s’est amarré à un coffre dans la rade de Cherbourg pour quatre heures, qui est le temps minimum d’arrêt, et je crois que la grand-voile était déjà hissée au bout des 4 heures, encore amarrés au coffre, pour repartir de plus belle. Depuis Cherbourg, on n’a pas molli avec Antoine, on est vraiment reparti avec le couteau entre les dents. On est reparti de loin.
Antoine : On se disait que ce serait pas mal si on faisait dans les 12. Puis après on se disait ce serait pas mal si on était dans les 8 de manière à ne pas être au coffre à Bahia mais au ponton et de jour en jour les objectifs ont monté. Et à la fin on voulait vraiment être devant Pascal parce que c’est un équipage tellement fort, Pascal et Charlie ensemble, que l’on était très content de les accrocher à notre tableau de chasse. Ça a été une belle bagarre avec eux les deux derniers jours.
Thomas : Je savais depuis le départ du Havre qu’avec notre bateau mis à l’eau depuis seulement huit semaines on était encore en phase de mise au point. Ce sont des petits détails sur ces bateaux-là qui ne pardonnent pas, voilà c’est comme ça, ça arrive, ce sont des sports mécaniques. C’était un arrêt obligatoire. Sur le moment on est déçu de s’arrêter évidemment car quand on part du Havre ce n’est pas pour s’arrêter 12h après, on part quand même pour une transat. Mais c’était le bon choix, l’équipe a été géniale, ça a été hyper bien mené, ils ont hyper bien réagi et je sais la chance que j’ai d’avoir une équipe comme ça. C’est comme ça, c’est l’histoire et au final on est content de cette remontée et d’arriver ici en 4ème position. Je pense que même sans cet arrêt-là, de finir à cette place-là ça aurait été un beau résultat ! Je suis ravi de la façon dont les choses se sont faites. C’est une belle histoire.
Antoine : Paradoxalement, s’arrêter nous a permis de naviguer libérés, de ne pas trop s’occuper des autres, de faire sa route, son chemin, de trouver nos marques avec le bateau. On n’utilise plus le bateau aujourd’hui comme on l’utilisait il y a 14 jours et ça, ça n’aurait peut-être pas été pareil si on avait été au milieu de la flotte depuis le début. On aurait voulu faire comme les autres. On n’a pas fait comme ça, on a progressé petit à petit et on n’était pas contraint par le fonctionnement de la flotte. Naviguer libérés ça a dû nous aidé. Quand on voit les trois qui sont devant nous aujourd’hui, ils sont plus près que nous… Il faut dire un mot particulier pour Charal et une pensée pour son architecte qui est juste là ; ils ont fait un super boulot les architectes et l’équipe, ils étaient vraiment au-dessus du lot, ils sont vraiment très très impressionnants Jérémie et Christopher, bravo à eux ! Ce n’est pas passé cette fois-ci, la mer n’a pas voulu… Mais c’est très impressionnant ce qu’ils ont fait, nous on n’en est pas encore là, on est très bien à la place à laquelle on est.